Pour Oznur Sirene, spécialiste de la Turquie, la politique équilibrée d’Ankara à l’égard de Kiev et de Moscou en fait le médiateur le plus pertinent pour résoudre la crise ukrainienne.
Après un accord sur les céréales, s’achemine-t-on vers un accord sur le gaz sous la houlette turque ?
Lors de leur rencontre à Astana le 13 octobre, à l’occasion du sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, Vladimir Poutine a proposé à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de créer sur son sol un «hub gazier». Cette initiative viserait à approvisionner en or bleu les pays du Sud, mais également, selon le chef d’Etat russe, à permettre aux Européens de recevoir du gaz à des prix moins «exorbitants».
«Cela va à la fois renforcer la coopération économique entre les deux pays, mais cela va être aussi une solution viable pour résoudre la crise énergétique que les pays européens vivent actuellement», commente sur le plateau de RT France Oznur Sirene, présidente de Red’Action Media. Pour cette spécialiste de la Turquie, la matérialisation d’un tel projet illustrerait le rôle d’intermédiaire qu’Ankara tient dans le conflit en Ukraine.
La Turquie «est le médiateur le plus réussi jusqu’à maintenant»
«Si ce projet se concrétise, ce sera la deuxième fois que la Turquie jouera un rôle très important dans la résolution d’une crise», estime Oznur Sirene, rappelant le rôle d’entremetteur joué par Ankara pour parvenir à un accord sur les exportations ukrainiennes de céréales.
Fin juillet, l’Ukraine et la Russie signaient à Istanbul deux accords séparés avec la Turquie et l’ONU afin d’établir des «couloirs sécurisés» pour la circulation des navires marchands en mer Noire. Deux mois plus tard, la Turquie fut également impliquée dans un échange de prisonniers, acceptant d’accueillir «jusqu’à la fin de la guerre» des commandants ukrainiens libérés par Moscou.
«Je pense que la Turquie est vraiment le seul pays qui peut être capable d’apporter la paix entre les deux pays», estime Oznur Sirene, avant de poursuivre : «C’est le médiateur le plus réussi jusqu’à maintenant.»
Contrairement à ses partenaires de l’OTAN, la Turquie a su conserver de bons rapports tant avec Moscou qu’avec Kiev. Oznur Sirene rappelle les partenariats clés qui unissent les Turcs aux deux pays. Avec la Russie : la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu par le russe Rosatom ou la vente de systèmes de défense anti-aérienne S-400, qui a valu à la Turquie d’être exclue par Washington du programme F-35. Avec l’Ukraine : Kiev dispose de drones de combats turcs Bayraktar TB2.
Moscou et Kiev signent un accord sur l’exportation des céréales d’Ukraine