Economie

Confrontée à la crise de l’énergie, l’Allemagne va emprunter plus que prévu en 2023

L’Allemagne va devoir emprunter près de trois fois plus que ce qui était prévu en juin pour boucler son budget 2023. Elle respecte néanmoins certains de ses garde-fous budgétaires, mais au prix d’artifices comptables.

«Nous sommes dans une situation de grandes incertitudes économiques», a reconnu ce 22 novembre le ministre allemand des Finances Christian Lindner à la télévision publique. Berlin prévoit en effet 45,6 milliards d’euros de nouveaux emprunts l’an prochain, contre seulement 17,2 milliards prévus en juin dernier, selon le projet de budget pour 2023, dont l’adoption devrait être actée le 25 novembre au Bundestag. 

Client d’un supermarché à Düsseldorf, le 19 avril 2020 (photo d’illustration).

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Le pays est particulièrement touché par la crise énergétique, qui pèse sur le secteur industriel et plombe ses coûts de production. Pour l’an prochain, le gouvernement anticipe une récession de 0,4%. Pour soutenir son économie, tout en poursuivant sa politique d’investissement public dans la transition écologique et les infrastructures, le gouvernement doit donc plus dépenser que prévu.  

Le budget sera le premier, depuis trois ans, à respecter la règle de frein à l’endettement, qui interdit à l’Etat d’emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année. Cette obligation a été levée de 2020 à 2022 pour faire face à la pandémie de coronavirus. 

Mais pour atteindre cet objectif, le gouvernement a eu recours à des artifices comptables, avec la multiplication de fonds spéciaux, non comptabilisés dans le budget. Dernier en date : une enveloppe de 200 milliards sur deux ans pour bloquer les prix de l’énergie. Berlin a aussi créé un fonds de 100 milliards pour son renforcer son armée. 

Dispositifs budgétaires critiqués

Des dispositifs critiqués par l’opposition, qui dénonce un tour de passe-passe budgétaire. Le chef de file de la CDU à la commission des Finances, Christian Haase, s’était dit début novembre «consterné», estimant que «n’était pas épargné ce qui est nécessaire». 

Le ministre qui refuse catégoriquement des hausses d’impôts a défendu ce 22 novembre son projet, estimant ne «pas avoir eu d’alternative». «Cela serait extrêmement risqué d’un point de vue économique et se ferait au détriment de l’emploi et des investissements», a-t-il martelé à propos d’une éventuelle hausse de la fiscalité. 

Une position critiquée par les experts du conseil des «sages économiques», très écouté en Allemagne, qui a appelé début novembre à augmenter les taxes pour les plus riches afin de financer ces dépenses.

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