Dans un entretien accordé au Monde le 7 septembre, la patronne de la société immobilière Nexity évoque une crise du logement violente et prédit un durcissement de la situation et une aggravation des « risques sociaux ».
La crise immobilière en France inquiète les professionnels du secteur. Le PDG du groupe immobilier Nexity Véronique Bédague s’est confiée au journal Le Monde et affirme avoir prévenu le gouvernement d’une aggravation de la crise. Elle dit ne pas avoir été entendue.
Chronique d’une crise du logement annoncée. Cela fait un an que j’alerte sur le fait que notre secteur est matraqué fiscalement. Cette nouvelle hausse ne va pas faciliter la construction de logements. Il faut rendre de la rentabilité à l’investissement dans le logement !
— Véronique Bédague (@VBedague) September 1, 2023
La responsabilité du gouvernement mise en cause
Rapportant «13 % de logements mis en chantier en moins» et des prêts en recul de 45 % sur un an Véronique Bédague, PDG de Nexity, estime que la crise immobilière va se durcir. Celle-ci met directement en cause le Président de la République et son gouvernement, à qui elle aurait expliqué avoir adressé une lettre en octobre 2022 pour décrire les contours de la crise qui s’annonçait alors.
Elle estime par ailleurs que «les chiffres sont encore pires que ce qu’on pouvait anticiper», rappelant le fait que ce sont les plus modestes qui sont le plus exposés et que 2 000 enfants dorment dans la rue en France, comme l’avait rapporté la Fédération des acteurs de la solidarité le 30 août dernier.
Ancienne économiste au FMI et directrice du cabinet du Premier ministre Manuel Valls, Bédague assène également une critique de la «sphère publique» qui, selon elle, estimerait qu’il n’y aurait «pas besoin de logements» pour des raisons démographiques et de logements vacants.
Prix en baisse, achats bridés et faillites
Si la baisse des prix constatée depuis plusieurs semaine pouvait susciter des espoirs pour les potentiels acquéreurs, il n’en n’est rien. En effet, les taux, à 4% en septembre et peut-être à 5 % en octobre constituent un frein pour l’obtention de prêts. L’observatoire CSA crédit logement estime ainsi que le nombre de prêts a chuté de 50% en juillet sur un an.
Si les particuliers sont des victimes de ce marché qui tournent désormais au ralenti, les professionnels du secteur en font aussi les frais avec un bond de 84 % des faillites d’agences entre mai 2022 et avril 2023 selon Meilleurs Agents, avant donc les dernières hausses du taux directeur.
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