Les Etats-Unis vont envoyer 1 500 soldats supplémentaires à leur frontière avec le Mexique, avant l'expiration d'une mesure anti-Covid permettant d'expulser sans délai les migrants franchissant ses frontières terrestres.
«A la demande du ministère de la Sécurité intérieure», le ministre américain de la Défense «a approuvé une augmentation temporaire de 1 500 membres supplémentaires du personnel militaire pour compléter les efforts de la police aux frontières à la frontière Sud-Ouest», a indiqué Pat Ryder, porte-parole du Pentagone.
Les autorités américaines craignent un pic des arrivées à leur frontière avec la levée de la mesure connue sous le nom de Title 42. Cette mesure sanitaire datant de 1893 mais relancée en 2020 sous Donald Trump, et maintenue par l’administration Biden, facilite les expulsions de personnes qui proviennent de pays touchés par une pandémie en les privant de recours.
2 500 soldats assistent déjà la police aux frontières
Pendant 90 jours, les militaires épauleront la police, notamment en matière de surveillance. «Le personnel militaire ne participera pas directement aux activités de maintien de l’ordre», a insisté le porte-parole.
Ils viendront s’ajouter aux 2 500 soldats assistant déjà la police aux frontières et d’autres agences qui se préparent à une augmentation des arrivées.
Le ministère de la Sécurité intérieure a précisé que «leur soutien (allait) permettre aux membres du personnel de maintien de l’ordre de mener à bien leur travail crucial».
Le gouvernement mexicain a déclaré le 2 mai qu’il «continuerait à accepter le retour de migrants sur une base humanitaire», dans un communiqué publié après une rencontre avec Elizabeth Sherwood-Randall, conseillère ajointe du président américain Joe Biden pour la Sécurité.
Le Title 42 est une mesure liée à la pandémie de Covid-19, mise en place en 2020 sous l’administration de l’ex-président Donald Trump, permettant de refouler immédiatement les migrants dépourvus de visa, même les demandeurs d’asile potentiels. Cette mesure expire le 11 mai 2023.
Washington annonce de nouvelles mesures
Face à l’afflux de migrants clandestins, venus principalement d’Amérique centrale et du Sud, les Etats-Unis ont annoncé fin avril une nouvelle série de mesures.
Les migrants devront désormais s’enregistrer pour un entretien avec les autorités de l’immigration de leur pays ou des pays traversés. Une nouvelle application téléphonique, CBP One, leur est proposée à cet effet.
La gestion des demandeurs d’asile ou réfugiés a été externalisée dans des centres en Colombie et au Guatemala. Le Canada et l’Espagne ont donné leur accord pour accueillir certains des migrants ayant reçu un feu vert dans ces centres, selon des responsables américains.
Le nouveau déploiement militaire a été critiqué par Jonathan Blazer, de la puissante association américaine de défense des droits civiques ACLU (American Civil Liberties Union).
«Les gens obligés de fuir leur maison et d’entamer des voyages difficiles, dangereux, pour avoir la chance de demander une protection légale aux Etats-Unis devraient être accueillis avec compassion, pas avec des soldats», a-t-il déclaré, accusant Joe Biden d’imposer ainsi ce qui équivaut à une interdiction du droit d’asile.
Le président américain «devrait plutôt se consacrer à créer un système solide, efficace et humain pour contrôler et accueillir les personnes en quête de sécurité», a-t-il ajouté.
La crise migratoire, sujet politiquement explosif aux Etats-Unis
L’opposition républicaine attaque sans relâche Joe Biden, qu’elle accuse d’avoir transformé la frontière mexicaine en passoire.
Des élus républicains ont d’ailleurs prévu une conférence de presse ce 3 mai pour appeler le président démocrate à maintenir le Title 42. Sa levée «exacerberait ce qui est déjà une catastrophe humanitaire et de sécurité nationale à notre frontière Sud», ont-ils ainsi affirmé.
Dès son entrée en fonctions, Joe Biden a mis fin à la construction du mur que voulait Donald Trump à la frontière avec le Mexique. Mais les arrivées de migrants se poursuivent sans qu’il ait pu réformer le système d’immigration, les républicains étant majoritaires à la Chambre.
Dès le 11 mai, c’est un autre article, nommé Title 8, qui sera appliqué, a récemment affirmé le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. Cet article prévoit des refoulements accélérés, assortis d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans et de possibles poursuites pénales.
«Pour être clair, la frontière n’est pas ouverte et n’ouvrira pas après le 11 mai», selon Alejandro Mayorkas, qui s’attend toutefois à «une recrudescence» des passages à la frontière mexicaine dès la levée de cette mesure.
Durant l’exercice budgétaire achevé au 30 septembre 2022, quelque 2,4 millions de personnes ont été arrêtées à la frontière et la plupart ont été refoulées. En mars dernier, 191 899 personnes dépourvues de documents d’immigration ont été interceptées. Les migrants, soucieux d’échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d’origine, prennent souvent d’énormes risques pour entrer sur le sol des Etats-Unis.
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