France

Défilé de tracteurs à Paris contre les restrictions d’insecticides (IMAGES)

Plusieurs centaines d'engins sont arrivés dans la capitale à l'initiative de la FNSEA, principal syndicat agricole, afin de dénoncer l'interdiction d'utiliser des néonicotinoïdes pour la culture de la betterave, qui menace selon eux la filière.

«On nous met plus de contraintes et on nous dit “démerdez-vous”» : juchés sur leur tracteur, des centaines d’agriculteurs ont défilé ce 8 février à Paris contre les restrictions d’usage des pesticides et d’autres obligations, une première depuis plus de trois ans.

A l’appel de la section du Grand Bassin parisien de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui couvre 12 départements céréaliers du nord de la France, et de la filière des betteraves sucrières (CGB), les agriculteurs entendaient dénoncer la «disparition» de productions françaises en raison de la diminution du nombre de pesticides à leur disposition et plus particulièrement, les insecticides néonicotinoïdes.

Des centaines d’engins, en provenance de la région parisienne et d’autres départements dont le Loiret sont ainsi entrés dans la ville en début de journée.

Ils ont ensuite rallié la porte de Versailles, d’où ils sont partis, encadrés par de nombreux policiers, pour aller se ranger sur cinq files entre le pont Alexandre III et les Invalides, dans le centre de la capitale.

«Cela fait 3 ans que les agriculteurs ne sont pas descendus dans la rue», a rappelé le journaliste Hugo Sturna pour le média en ligne Euractiv, en référence à la dernière grosse mobilisation du secteur en novembre 2019. Des opérations escargot avaient alors été organisées sur le périphérique pour dénoncer un durcissement des règles concernant l’épandage de pesticides de synthèse.

La mobilisation a été déclenchée par la décision du gouvernement, le 23 janvier, de renoncer à accorder une nouvelle dérogation permettant d’utiliser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, dans la foulée d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne.

Pression environnementaliste

Interrogé par l’AFP, Grégoire Bouillant, céréalier de 40 ans se réclamant de l’agriculture «raisonnée», a indiqué être parti vers 5h du matin de sa ferme du Val-d’Oise pour arriver à temps à la Porte de Versailles, où se tiendra dans moins d’un mois le Salon international de l’agriculture. Il a dénoncé une «pression environnementaliste» et des «mesures qui ne cessent de s’empiler en notre défaveur». A l’arrière de son tracteur, il avait accroché une pancarte «Macron menteur, oui aux NNI [néonicotinoïdes], oui au sucre français». «Fesneau, fait ton boulot», pouvait-on lire sur d’autres pancartes.

«On veut montrer au gouvernement qu’on peut pas interdire des moyens de production sans alternative», a fait valoir Cyrille Milard, président de la FDSEA 77, auprès de l’AFP. Le slogan «Pas d’interdictions sans solutions» faisait d’ailleurs partie des mots d’ordre affichés par les participants. Des drapeaux FNSEA et Jeunes agriculteurs et affichettes «Mon métier respecte la nature, stop aux écologies abusives» ont fleuri sur les vitres des tracteurs et de nombreux passants prenaient des photos de la manifestation, rejointe par une trentaine d’élus, dont le président Les Républicains des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Des élus du Rassemblement national, dont Caroline Parmentier, ont également apporté leur soutien au mouvement.

Le gouvernement s’apprête à présenter un plan de soutien

Sur un conteneur faisant office d’estrade garni de bottes de paille et de cagettes de pommes, le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey a qualifié la mobilisation de «juste combat» pour sauver la production française, alors que les contraintes imposées aux agriculteurs de l’Hexagone favorisent les importations, selon le syndicat.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a reçu dans la matinée une délégation issue de la manifestation «pour échanger sur les défis auxquels ils sont confrontés et l’avenir des filières agricoles», selon un communiqué, et réunira le 9 février la filière betterave pour présenter un «plan d’actions et de soutien». Les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles et interdits depuis 2018, bénéficiaient d’une dérogation depuis deux ans, ce qui permettait de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves pour les prémunir de la jaunisse, propagée par des pucerons.

La Confédération paysanne, troisième syndicat du monde agricole, a quant à elle déploré que certains manifestent «pour continuer à utiliser des néonicotinoïdes et refuser toute avancée écologique». L’ONG environnementale Générations Futures a dénoncé de son côté des pratiques «dignes de l’agriculture des années 1960, pas de celle des années 2020».

La mobilisation des agriculteurs n’a pas contribué à fluidifier le trafic automobile dans la région parisienne, qui a enregistré un pic de 425 kilomètres de bouchons vers 9H. Les embouteillages cumulés n’étaient plus que légèrement au-dessus de leur moyenne en fin de matinée, en cette journée également marquée par une grève à la SNCF dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.

Des dizaines de tracteurs dans le centre de Toulouse contre la nouvelle PAC (VIDEO)

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