Réagissant au rapport de l'AIEA sur la situation de la centrale nucléaire, le président russe a souligné que les bombardements ne pouvaient venir que du côté ukrainien, sauf à croire que les soldats russes ouvriraient le feu sur leurs camarades.
«C’est du délire total» : Vladimir Poutine n’a pas mâché ses mots le 7 septembre en commentant, à l’occasion du Forum économique oriental tenu à Vladivostok, l’hypothèse selon laquelle les troupes russes pourraient être responsables des tirs ayant mis en danger l’intégrité de la centrale nucléaire de Zaporojié. Une idée saugrenue, selon le dirigeant, dans la mesure où elles contrôlent déjà ces installations.
Une délégation d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’est rendu sur place et a rendu le 6 septembre un rapport évoquant une situation «intenable», tout en demandant un arrêt immédiat des bombardements «sur le site et dans les environs». Les auteurs du rapport ne se sont cependant pas explicitement prononcés sur le responsable de ces tirs, dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement depuis des semaines.
Cela veut-il donc dire que nous tirons sur nous-mêmes ?
Le chef de l’Etat russe a souligné qu’il faisait confiance au travail de l’AIEA, «une organisation internationale très sérieuse», qualifiant son directeur, Rafael Grossi, de «très professionnel». Cependant, il a estimé que les équipes de l’Agence se trouvent «sous la pression des pays où ils travaillent, en particulier des Etats-Unis, des pays européens», ce qui les aurait empêché de «dire explicitement que les bombardements sont menés depuis le territoire ukrainien».
«Nous contrôlons la station, il y a nos soldats là-bas», a rappelé Vladimir Poutine, qui a balayé la thèse de la responsabilité de Moscou dans les frappes qui ont touché la zone. «Cela veut-il donc dire que nous tirons sur nous-mêmes ?», s’est-il interrogé, voyant dans ce raisonnement un «délire total». Selon lui, certains interlocuteurs occidentaux auraient également reconnu qu’une telle explication «contredit le bon sens».
Le président russe a aussi tenu à rectifier un autre point important du rapport, qui mentionne la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale, ce dont s’est réjoui le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon Vladimir Poutine, la demande de l’AIEA de retirer ces équipements n’a guère de sens puisqu’«il n’y a pas de matériel militaire sur le territoire de la centrale», a-t-il affirmé, en soulignant que «le personnel de l’AIEA aurait dû voir cela». Il n’y aurait ainsi sur place que des membres de la Garde nationale russe (Rosgvardia), qui «sécurisent le périmètre et l’intérieur de la centrale».
Ces propos du chef de l’Etat russe font suite à une série de critiques adressées tant par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov que par l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia, qui ont demandé des «clarifications» concernant plusieurs points du rapport. Ce dernier a maintenu, le 6 septembre, que la «seule menace» contre le site provenait des «bombardements et des sabotages par les forces armées ukrainiennes» et confirmé l’absence d’artillerie sur le site, précisant que le matériel militaire se limitait à des «camions utilisés pour le transporter des gardes».
Le 2 septembre, l’Ukraine avait reconnu être à l’origine d’une frappe sur une base russe à Energodar, ville où se trouve la centrale, et affirmé que les forces russes avaient évacué «tout leur équipement militaire depuis le site de la centrale» avant l’arrivée de la mission de l’AIEA, dont quelques membres sont restés sur place.
Selon Moscou, des journalistes occidentaux se préparaient à couvrir l’assaut ukrainien sur Zaporojié