Les républicains ont fait adopter le 2 novembre une enveloppe de 14,3 milliards de dollars pour Israël à la Chambre des représentants, tenant tête au président Biden qui réclame que cette aide aille de pair avec des fonds pour Gaza, l'Ukraine et des partenaires en Asie.
Joe Biden défié par les républicains à la Chambre des représentants : l’opposition a fait adopter le 2 novembre, par 226 voix contre 196, une aide financière à Israël de 14,3 milliards de dollars. La mesure des conservateurs n’a toutefois que très peu de chances d’aboutir, le dirigeant démocrate ayant déjà menacé d’opposer son veto au texte.
Le Congrès américain, enfin fonctionnel avec son nouveau «speaker», est scindé en deux sur le type de soutien à apporter à ses alliés à l’étranger. Démocrates comme républicains veulent adopter sans tarder une aide militaire pour Israël, partenaire de longue date des Etats-Unis, en guerre avec le Hamas.
Les choses se compliquent toutefois quand il s’agit de l’Ukraine, dont Washington est le fournisseur le plus important d’aide militaire. Mais la promesse de Joe Biden de continuer à appuyer financièrement ce pays, réitérée lors de la visite du président Volodymyr Zelensky à Washington en septembre, est mise en péril.
Risque de lassitude
Au Congrès américain, il y a d’un côté la Chambre des représentants, dominée par les conservateurs et où une poignée d’élus de droite appellent à cesser immédiatement l’aide à Kiev. Cette institution a été plongée durant trois semaines dans une paralysie inédite, avec une vacance au perchoir. Son nouveau président, Mike Johnson, cherche encore à prendre ses marques.
Il y a de l’autre le Sénat, à majorité démocrate et où l’opposition républicaine est principalement favorable à l’aide à l’Ukraine.
Le président américain a décidé de coupler sa demande d’aide pour l’Ukraine – plus de 61 milliards de dollars – avec celle pour Israël, environ 14 milliards. Joe Biden veut aussi des fonds pour tenir tête à la Chine sur le plan militaire en investissant dans les sous-marins, et sur le plan économique pour contrer les nouvelles routes de la soie chinoises dans les pays en développement.
Le démocrate de 80 ans estime par ailleurs qu’il lui faudrait un peu plus de 9 milliards pour répondre à des crises humanitaires internationales, y compris dans la bande de Gaza. Le tout pour un total de près de 106 milliards de dollars.
«Ne pas perdre une minute»
L’état-major républicain à la Chambre ne l’entend pas de cette oreille et a défié le président en adoptant en début de soirée le 2 novembre une enveloppe destinée uniquement à Israël. Une poignée de démocrates se sont joints à eux.
Pour financer cette enveloppe, les conservateurs prévoient de ponctionner des fonds du grand plan de Joe Biden sur le climat et les infrastructures adopté l’an dernier. La Maison Blanche, sans surprise, est contre. Le Sénat également.
«Nous ne pouvons pas perdre une minute pour fournir à Israël l’aide dont il a besoin», avait déclaré avant le vote le nouveau «speaker», Mike Johnson, sans faire aucune mention de fonds humanitaires pour Gaza. Ce dernier a d’ores et déjà estimé que les mesures de soutien aux autres alliés des Etats-Unis, dont l’Ukraine, devaient faire l’objet de discussions ultérieures.
Alors, le projet républicain est «mort-né», a rétorqué un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby. «Il est inconcevable que quelqu’un puisse penser que nous n’avons pas besoin de fonds supplémentaires pour aider à acheminer de l’eau, de la nourriture et des médicaments à ces personnes», a-t-il assuré.
Le bras de fer autour de ces enveloppes – qui en dit long sur les interrogations américaines sur son rôle de gendarme du monde – promet d’être rude.
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