Des centaines de policiers se sont à nouveau rassemblés le 6 février contre la réforme de la police judiciaire, après la publication la semaine dernière de deux rapports, dont l'un venu du Sénat étrillant le projet voulu par Gérald Darmanin.
Plusieurs rassemblements de policiers se sont tenus le 6 février contre la réforme de la police judiciaire. Cette mobilisation survient une semaine après la publication de deux rapports, dont l’un venu du Sénat très critique à l’égard de la réforme souhaitée par Gérald Darmanin.
Des rassemblements ont notamment eu lieu à Marseille, Lille, Bordeaux, Versailles, Angers et Nanterre devant le siège de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). «Sans la DCPJ = la France à la mafia», pouvait-on lire sur des feuilles format A4 tenues par des policiers rassemblés de dos devant l’antenne de la PJ de Nantes.
#RéformePJ Des enquêteurs de la PJ se sont rassemblés vers midi devant leurs services respectifs un peu partout en France pour dénoncer « un passage en force » de la réforme de la police judiciaire qu’ils considèrent « vouée à l’échec ». @m6infopic.twitter.com/mcP5q06JFf
— François Vignolle (@frvignolle) February 6, 2023
Les rassemblements «spontanés» sont venus «de la base» à la suite des «déclarations du ministre [Gérald Darmanin] après la publication des rapports», a déclaré à l’AFP Yann Bauzin, président de l’Association nationale de la Police judiciaire (ANPJ), créée en août contre la réforme. La semaine dernière, deux rapports ont été publiés, dont un piloté par le sénateur LR Philippe Dominati qui a jugé le projet inadapté et a demandé au ministre de le modifier.
On est en train d’organiser la réforme de manière très précipitée et urgente pour fin 2024, ce qui est impossible pour tout le monde
Le second, mené par les Inspections générales de l’administration, de la police et de la justice (IGA, IGPN et IGJ), n’a pas remis en cause le bien-fondé du projet mais formulé 19 recommandations, dont des garanties sur les moyens à accorder à la lutte contre la criminalité organisée.
Le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale consacrée à la réforme doit être publié à son tour le 7 février.
A Nantes, des enquêteurs de la DTPJ toujours mobilisés contre la réforme de la police nationale. « On ne lâchera pas prise », annonce l’un d’eux ce midi. « L’ambiance est morose mais on tient bon. » pic.twitter.com/Av1k35SQ2C
— Anne-Hélène Dorison 🗞 (@AnneHD44) February 6, 2023
Le projet de réforme prévoit de placer tous les services de police d’un département – renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ – sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Yann Bauzin a dénoncé la réaction de Gérald Darmanin, qui a déjà annoncé la désignation de «préfigurateurs» de la réforme. «Le rapport des inspections est très circonspect et pas du tout triomphal. Le rapport Dominati sabre le projet en ce qui concerne la PJ. Et le ministre semble passer outre», a-t-il déploré.
«On est en train d’organiser la réforme de manière très précipitée et urgente pour fin 2024, ce qui est impossible pour tout le monde», a aussi regretté un enquêteur de la PJ de Versailles.
«Il faut ouvrir les yeux, on n’est pas devant des gens qui demandent plus de salaire ou des heures de travail, il faut prendre en compte leurs inquiétudes», a souligné à l’AFP un représentant de l’ANPJ, à Marseille – où le limogeage du très respecté directeur zonal de la PJ Eric Arella avait suscité l’indignation en octobre.
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