Des milliers de personnes ont manifesté à Buenos Aires afin de réclamer une hausse des salaires, tandis que le pays est frappé par l'inflation qui mine le pouvoir d'achat et que trois ministres de l'Economie se sont succédés en peu de temps.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 10 août à Buenos Aires, s’apprêtant pour une partie d’entre elles à camper la nuit devant la présidence pour réclamer une hausse des salaires, à la veille de l’annonce de l’indice d’inflation pour juillet qui devrait rogner encore le pouvoir d’achat.
Les manifestants, à l’appel d’organisations situées à la gauche du gouvernement d’Alberto Fernandez (centre gauche), ont convergé, sans incidents, vers la Plaza de Mayo, siège de la présidence, et du ministère de l’Economie dans une rue adjacente.
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A la tombée de la nuit, quelques centaines de tentes étaient dressées sur la place ou à même la chaussée, et des petits feux ou barbecues étaient improvisés en musique, par les manifestants qui demandent à être reçus par le nouveau ministre de l’Economie, Sergio Massa, depuis une semaine.
Les organisations de gauche radicale dénoncent la timidité des mesures sociales du gouvernement, plus soucieux, selon elles, de rassurer les marchés financiers que d’amortir le choc inflationniste pour les couches défavorisées. Parmi leurs revendications figurent une hausse drastique du salaire minimum, de 45 540 pesos (325 dollars au change officiel) à 105 000 pesos (744 dollars), la valeur estimée du panier alimentaire pour une famille de quatre pour se maintenir au-dessus du seuil de pauvreté. Ils réclament aussi une prime de 20 000 pesos (143 dollars) pour les retraités, les auto-entrepreneurs vulnérables, les travailleurs précaires.
«Le ministre [Sergio Massa] s’est adressé aux marchés, aux pouvoirs économiques, mais n’a apporté aucune réponse aux secteurs populaires sur la façon d’atténuer un processus inflationniste sans fin», a dénoncé Eduardo Belliboni, dirigeant du Polo Obrero, une des principales organisations au cœur de la manifestation. Le rassemblement, qui fait suite aux mobilisations similaires ces dernières semaines, intervient à la veille de la publication de l’indice d’inflation pour juillet, qui selon les prévisions de plusieurs économistes, pourrait être autour de 7%, le taux le plus élevé de l’année en cours.
L’économie argentine, notoirement instable, a vécu un mois de juillet particulièrement fébrile, avec la démission surprise du ministre de l’Economie depuis deux ans Martin Guzman, un bref intérim de Silvina Batakis, et des efforts à ce jour vains du gouvernement pour enrayer une inflation à 36,2% pour le premier semestre, 64% sur les douze derniers mois. Le ministre Sergio Massa a annoncé le 10 août un coup de pouce (+15,53%) pour les retraites, les allocations familiales, malgré l’objectif de discipline budgétaire auquel s’est engagée l’Argentine dans le cadre de son accord, en mars, avec le FMI pour le refinancement de sa dette.
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