Vassili Nebenzia, représentant russe à l’ONU, a vigoureusement condamné les accusations à l’encontre de la Russie dans la destruction du barrage de Nova Kakhovka. Le diplomate s’en est également pris aux soutiens occidentaux de Kiev.
Moscou et Kiev se renvoient la responsabilité de la destruction du barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka, s’accusant mutuellement de crime de guerre. Ces accusations, à l’encontre de la Russie, «sentent la schizophrénie», a fustigé le 6 juin l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia, qui pointe du doigt une «campagne de désinformation».
Kiev a en effet accusé la Russie d’avoir fait sauter le barrage. «Le monde doit réagir», a lancé Volodymyr Zelensky sur Telegram, accusant de surcroît la Russie «d’écocide». Le chancelier allemand Olaf Scholz a quant à lui estimé que l’attaque contre le barrage de Kakhovka donnait à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine une «nouvelle dimension», s’inscrivant «dans la lignée de nombreux crimes que nous avons vus en Ukraine, commis par des soldats russes», dans une interview accordée aux chaînes WDR et ZDF. «Un acte odieux», a tweeté le chef de la diplomatie britannique James Cleverly, ajoutant que «l’attaque intentionnelle d’infrastructures exclusivement civiles» était «un crime de guerre».
«Les dirigeants des forces armées ukrainiennes ont ouvertement déclaré, dès l’année dernière, qu’ils étaient prêts à faire sauter le barrage pour obtenir un avantage militaire», a rétorqué Vassili Nebenzia. «Nous avons averti la communauté internationale de cette menace et nous regrettons qu’elle n’ait pas été prise en compte», a-t-il regretté.
«L’Occident a l’habitude de faire le sale boulot avec les mains des autres»
«Cet acte peut être considéré comme une continuation des tactiques systématiques du régime de Kiev visant à intimider la population civile», a encore déclaré Vassili Nebenzia, appelant le secrétaire général de l’ONU à «évaluer et condamner objectivement les actes terroristes du régime de Kiev».
Au-delà des condamnations, le diplomate russe se montre également offensif. «Le régime de Kiev a de bons professeurs, responsables de la destruction du Nord Stream et du ciblage délibéré du barrage de Tabqa en Syrie», a-t-il déclaré au Conseil de sécurité. Avant d’ajouter : «L’Occident a l’habitude de faire le sale boulot avec les mains des autres.»
La destruction du barrage n’a pas uniquement affecté les populations alentour, mais également celle de Crimée, a en outre affirmé Vassili Nebenzia. A proximité du barrage se trouve l’adduction du canal qui alimente la péninsule en eau. L’abaissement du niveau du Dniepr, en amont de l’ouvrage, impacterait cette voie d’eau qui fut coupée par Kiev en 2014 – en réponse au référendum d’autodétermination – pour être rouverte par les forces russes en février 2022. Le niveau d’eau diminuerait, selon le diplomate.«Kiev a de nouveau décidé de se venger des Criméens pour leur choix en faveur de la Russie et de laisser la population de Crimée sans eau» a-t-il accusé.
Une installation «clé» aux yeux des deux belligérants
Le barrage de Nova Kakhovka est également une installation importante pour la centrale nucléaire de Zaporijia, située à 150 kilomètres en amont du barrage, lui permettant d’alimenter en eau son bassin de refroidissement. Son directeur a indiqué sur Telegram qu’il n’y avait «à l’heure actuelle pas de menace» pour la sécurité de la centrale. «Cinq blocs sont arrêtés à froid, l’un est à “l’arrêt à chaud”. Le niveau de l’eau du bassin de refroidissement n’a pas changé» a-t-il précisé.
L’approvisionnement en eau des Criméens, ainsi que le risque encouru par la centrale de Zaporijia, ont également été soulignés par le représentant ukrainien à l’ONU lors de son intervention. Celui-ci accuse Moscou d’avoir fait «exploser une bombe de destruction environnementale massive, qui a conduit à la plus grande catastrophe d’origine humaine en Europe depuis des décennies». Selon le représentant ukrainien, qui accuse les Russes d’avoir «miné» le barrage, «il est physiquement impossible de le faire exploser d’une manière ou d’une autre de l’extérieur en bombardant».
Dans un article du Washington Post, paru fin 2022, le commandant ukrainien en charge de la contre-offensive dans la région de Kherson assurait avoir mené avec succès une frappe d’Himars sur le barrage afin d’estimer si une montée des eaux pourrait – en dernier recours – couper les lignes d’approvisionnement russes vers la rive droite du fleuve.
Pris dès le début de l’offensive russe en Ukraine, ce barrage permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, rattachée à la Russie en 2014 par Moscou. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l’ouvrage est construit en partie en béton et en terre. Il s’agit de l’une des plus grandes infrastructures de ce type dans la région.
Nord Stream : la CIA avait été informée d’un projet de sabotage ukrainien, selon le Washington Post