La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a critiqué la gestion européenne des réfugiés, pointant des disparités de traitement entre ceux venant d'Ukraine et ceux en provenance d'Afrique.
Le président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Francesco Rocca, a déploré le 16 mai les écarts de traitement et d’accueil réservés par l’Europe entre les réfugiés venant d’Ukraine et ceux venant d’Afrique alors qu’ils fuient, selon lui, les mêmes dangers. «Oui, il y a deux poids, deux mesures […] et on ne peut pas le nier lorsqu’il s’agit de demandes d’une protection», a-t-il souligné lors d’une conférence de presse à l’ONU, à l’occasion d’un forum à New York destiné à évaluer les progrès réalisés depuis l’adoption en 2018 du Pacte mondial sur les migrations.
«Ceux qui fuient la violence, ceux qui cherchent une protection doivent être traités sur un pied d’égalité. Je ne pense pas qu’il y ait une différence entre quelqu’un qui fuit le Donbass et quelqu’un qui fuit la violence du groupe radical Boko Haram au Nigeria», a ajouté le président de la FICR, qui réunit 192 sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Si les Européens ont accueilli avec un «grand cœur et une grande âme» des millions de réfugiés ukrainiens, selon Francesco Rocca, cette générosité n’est pas de mise pour d’autres réfugiés qui viennent d’Afrique en traversant la Méditerranée, alors même qu’il «s’agit de seulement quelques milliers de personnes», a-t-il regretté.
«La réponse politique, publique et humanitaire à la crise ukrainienne a montré ce qui est possible lorsque l’humanité et la dignité passent avant tout, lorsqu’il existe une solidarité mondiale et la volonté d’aider et de protéger les plus vulnérables. Cela doit être étendu à tous ceux qui en ont besoin, d’où qu’ils viennent. L’ethnicité et la nationalité ne devraient pas être des facteurs décisifs pour sauver des vies», a aussi affirmé Francesco Rocca.
Le président de la FICR a également dressé un bilan du Pacte mondial pour les migrations, ratifié fin 2018 par plus de 150 pays. Non contraignant, le Pacte recense une série de principes – défense des droits humains, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale, etc – et liste différentes options de coopération. Il prône l’interdiction des détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours. «Alors que nous commençons le premier examen des progrès accomplis depuis [2018], je suis triste de dire […] qu’il n’y a pas eu suffisamment de changements dans les politiques et les pratiques pour garantir une migration sûre et digne», a-t-il déploré. «De nombreuses autres vies ont été perdues en raison de cette incapacité à agir», a insisté Francesco Rocca, en précisant que le nombre de morts en Méditerranée avait augmenté depuis 2018.
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, près de six millions de personnes ont fui le pays, selon le Haut commissariat aux réfugiés. Parmi elles, des étudiants africains ont été confrontés à des comportements racistes, en particulier de la part des autorités polonaises, accusées de ne pas les avoir laissés franchir la frontière, relayés notamment par le Nigeria. Les pays de l’Union européenne ont décidé fin février d’accorder une protection temporaire aux réfugiés ukrainiens et, dans le cas de la France, une série de droits leur a été accordée. Toujours dans l’Hexagone, les propos d’une série de commentateurs soulignant que les Ukrainiens étaient des «Européens de culture» ou représentaient une «immigration de qualité» dont l’accueil serait plus aisé que celui de réfugiés en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient ont suscité de vives polémiques.
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