Donald Trump est accusé d'avoir dissimulé le fait qu'il a monnayé le silence de l'actrice de films pornos Stormy Daniels en 2016 et devrait comparaître le 4 avril devant la justice pénale de New York, une première pour un ancien président américain.
Donald Trump a été inculpé dans une affaire singulière : il a monnayé le silence d’une star de films pornographiques en 2016 et devrait comparaître le 4 avril devant la justice pénale de New York, un fait historique sans précédent pour un ancien président américain. Ce dernier a dénoncé le 30 mars une «persécution politique».
L’ancien locataire de la Maison Blanche, qui rêve de la reconquérir en 2024, est officiellement inculpé par le procureur de Manhattan Alvin Bragg, dépendant de la justice de l’Etat de New York, pour une affaire de versement et de remboursement, juste avant la présidentielle de novembre 2016, de 130 000 dollars à l’actrice et réalisatrice de films X, Stormy Daniels. «Nous nous attendons à ce que la lecture de l’acte d’accusation ait lieu mardi», a déclaré son avocate Susan Necheles dans un courriel à l’AFP.
Un porte-parole du parquet local avait indiqué auparavant avoir organisé avec la défense de Donald Trump «sa reddition devant le procureur du district de Manhattan pour une audience d’inculpation devant une cour suprême», un tribunal, selon un communiqué publié après le vote d’un grand jury – un panel de citoyens aux pouvoirs d’enquête qui travaille de concert avec des procureurs – en faveur de cette inculpation.
Cet acte et les poursuites restent pour l’instant «sous scellés». CNN évoque une trentaine de chefs d’inculpation tournant autour de fraudes pour dissimuler la circulation et la comptabilité fin 2016 de ces 130 000 dollars.
Le 45e président des Etats-Unis a brocardé dans un communiqué une «persécution politique et une ingérence dans l’élection» présidentielle de 2024. Il a dénoncé une «chasse aux sorcières» qui «se retournera contre Biden», le président démocrate que Donald Trump accuse depuis plus de deux ans d’avoir «volé» sa victoire.
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis juge la décision «contraire aux valeurs de l’Amérique»
Sur son réseau social Truth Social, le milliardaire, qui a bouleversé depuis 2015 la sphère politique américaine, a torpillé des adversaires sans les nommer : «Ils me poursuivent de manière bidon et honteuse parce qu’ils savent que je suis aux côtés du peuple américain et que je ne peux pas bénéficier d’un procès équitable à New York !», sa ville natale, majoritairement démocrate.
L’un des rivaux républicains de Trump pour 2024, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a jugé cette inculpation «contraire aux valeurs de l’Amérique» et assuré que son Etat, où réside l’ancien président, ne répondrait pas favorablement «à une demande d’extradition» de l’Etat de New York. Même soutien sans faille du président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, pour qui «le peuple américain ne tolérera pas cette injustice» et ce qu’il qualifie d’«abus de pouvoir sans précédent» de la part du procureur Bragg.
«Personne au-dessus de la loi», a réagi l’avocat de Stormy Daniels
Stormy Daniels – Stephanie Clifford de son vrai nom – qui a collaboré avec la justice depuis près de six ans, s’est exclamée sur Twitter qu’elle ne voulait «pas renverser son champagne». Son avocat Clark Brewster a lancé : «Personne n’est au-dessus de la loi.»
Thank you to everyone for your support and love! I have so many messages coming in that I can't respond…also don't want to spill my champagne 😜 #Teamstormy merch/autograph orders are pouring in, too! Thank you for that as well but allow a few extra days for shipment.
— Stormy Daniels (@StormyDaniels) March 30, 2023
Du côté des démocrates, le parlementaire Adam Schiff, a jugé que «l’inculpation et l’arrestation d’un ancien président étaient uniques dans toute l’histoire américaine». Depuis des années, la justice new-yorkaise cherche à déterminer si l’ex-président républicain de 76 ans s’est rendu coupable de fausses déclarations, une infraction mineure, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l’argent à Stormy Daniels, juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016. Dans quel but ? Pour que celle-ci taise une supposée relation extraconjugale datant de 2006.
Donald Trump devra donc se «rendre» au tribunal de Manhattan pour la lecture de l’acte d’accusation par un juge, être brièvement et symboliquement placé «en état d’arrestation», photographié et consentir à à un relevé de ses empreintes digitales.
Il devra choisir entre plaider coupable ou non coupable. L’homme clé du dossier s’appelle Michael Cohen : ancien avocat de Donald Trump devenu son ennemi, il avait payé Stormy Daniels en 2016 et s’était fait rembourser. Après une peine de prison, il a collaboré à l’enquête à partir de fin 2018 et a témoigné plusieurs fois devant le grand jury.
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