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Elargissement de Schengen : Bulgarie et Roumanie recalées en raison d’un véto autrichien

La Roumanie et la Bulgarie devront encore patienter avant d'entrer dans l'espace Schengen, en raison du dernier véto de l'Autriche à cet élargissement, tandis qu'une décision positive était attendue, sauf surprise, pour la Croatie.

«Je voterai aujourd’hui contre l’élargissement de Schengen à la Roumanie et la Bulgarie», a annoncé le 8 décembre le ministre autrichien de l’Intérieur Gerhard Karner en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. 

L’Autriche, qui fait face à une forte hausse des demandes d’asile, redoute que la levée des contrôles aux frontières avec ces deux pays accroisse encore les arrivées de migrants. «Cette année, nous avons enregistré plus de 100 000 passages illégaux de la frontière en Autriche», a-t-il expliqué.

Un soldat polonais réajuste une clôture en fil de fer barbelé à la frontière avec la Biélorussie, le 26 août 2021.

Mur anti-migrants : l’Allemagne juge «légitime» la protection des frontières de l’UE

La Commission européenne et le Parlement réclament de longue date d’inclure la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans cette vaste zone (22 pays de l’Union européenne plus Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

L’adhésion, qui doit être décidée à l’unanimité des Etats membres, aurait notamment pour effet de supprimer les longues files d’attente de véhicules aux frontières de ces pays et d’encourager le tourisme. En contrepartie, les pays membres de Schengen doivent assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace et s’engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

La Croatie (3,9 millions d’habitants), membre de l’UE depuis 2013 et qui rejoindra la zone euro en janvier prochain, s’attend à une réponse positive.

Outre l’Autriche, un autre Etat membre, les Pays-Bas, est hostile à l’entrée de la Bulgarie dans Schengen. Le ministre néerlandais de la Migration, Eric van der Burg, a fait valoir les inquiétudes de son pays concernant «la corruption et les droits humains» dans ce pays et demandait un nouveau rapport à la Commission sur ces points. «Pour nous c’est un oui à la Croatie et un oui à la Roumanie», a-t-il dit. 

Or le dossier de la Roumanie (19 millions d’habitants) est actuellement lié du point de vue procédural à celui de la Bulgarie (6,5 millions). Les deux anciens pays communistes sont entrés en 2007 dans l’UE et frappent à la porte de Schengen depuis plus de dix ans.

Paris favorable à l’intégration de la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans Schengen

La question de l’élargissement de l’espace Schengen revient sur la table alors que les arrivées irrégulières aux frontières extérieures de l’UE sont en forte hausse, après avoir connu une baisse pendant la pandémie de Covid-19.

La poussée est particulièrement marquée par la route des Balkans occidentaux, où quelque 139 500 entrées irrégulières dans l’UE ont été détectées depuis janvier, selon Frontex. Un chiffre loin des 764 000 entrées enregistrées en 2015, au moment de la crise des réfugiés, mais qui ne prend pas en compte l’exode ukrainien. 

Le siège de Frontex à Varsovie (image d'illustration).

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La hausse des arrivées par les Balkans occidentaux – notamment par la Serbie – a poussé la Commission européenne à présenter un plan d’action pour tenter de réduire l’afflux par cette voie, comme elle l’a fait récemment pour la route de la Méditerranée centrale. 

Bruxelles propose entre autres de déployer l’agence européenne Frontex non seulement aux frontières de l’UE avec les Balkans occidentaux mais également entre ces pays.

A l’inverse de l’Autriche, la France estime que l’intégration de la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans Schengen permettrait de «mieux respecter le contrôle de nos frontières» et de limiter les arrivées par la route des Balkans.

Ces trois pays ont fait «beaucoup d’efforts pour maîtriser leurs frontières», a estimé le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin, sur la même ligne que son homologue allemande Nancy Faeser. Les deux ministres se sont par ailleurs réunis dans la matinée avec leurs homologues néerlandais, belge mais aussi britannique afin de renforcer leur coopération judiciaire et les échanges d’information pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Gérald Darmanin a souligné que «plus de 1 100 interpellations de passeurs [avaient eu lieu] en France grâce notamment aux informations européennes l’année dernière».

Si les pays méditerranéens dans lesquels arrivent les migrants reprochent régulièrement au reste de l’UE un manque de solidarité, des Etats comme l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France se plaignent de voir arriver des demandeurs d’asile qui devraient être pris en charge par les pays du Sud.

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