Les résultats définitifs des élections législatives ne seront connus que le 14 septembre, les blocs de gauche et de droite ayant recueilli des scores très proches. Les Démocrates de Suède, parti anti-immigration, devient la deuxième force du pays.
La Suède devra attendre trois jours avant la désignation du vainqueur des élections législatives très serrées du 11 septembre. Pour l’heure, la coalition entre la droite classique et la droite radicale est en position pour conquérir le pouvoir. Selon les résultats partiels portant sur près de 95% des bureaux de vote, le bloc mené par le leader du parti conservateur des Modérés Ulf Kristersson emporterait une majorité absolue sur le fil, de 175 à 176 sièges, contre 173 à 174 sièges pour le bloc de gauche de la Première ministre sortante sociale-démocrate Magdalena Andersson. Si ces scores se confirmaient, la gauche quitterait le pouvoir après huit ans aux manettes.
Au terme d’une soirée électorale rocambolesque, l’autorité en charge des scrutins du pays scandinave a en effet prévenu que le verdict final devrait attendre le 14 septembre. Alors que les sondages de sortie des urnes et les premiers résultats préliminaires suggéraient, le 11 septembre, une victoire de justesse de la gauche en début de soirée, les droites sont passées devant au fur et à mesure des dépouillements.
Sur la base des voix dépouillées jusqu’au milieu de la nuit, le bloc de droite (SD, Modérés, chrétiens-démocrates et libéraux) obtiendrait 49,8% des suffrages, tandis que le bloc de gauche (sociaux-démocrates, parti de Gauche, Verts et parti du Centre) réunirait 48,8% des voix, soit environ 60 000 voix d’écart seulement pour un corps électoral de 7,8 millions de personnes. Les voix des Suédois de l’étranger et certains votes anticipés doivent encore être comptabilisés. Une inversion du résultat reste néanmoins peu probable.
Après plusieurs crises politiques au cours des dernières années, le pays nordique se retrouve à nouveau dans une phase d’incertitudes pour former un gouvernement, avec une majorité qui s’annonce encore étriquée.
Un score historique pour les Démocrates de Suède
Le grand vainqueur de la soirée est le parti nationaliste anti-immigration des Démocrates de Suède (SD) dirigé par Jimmie Akesson. Avec un score provisoire de 20,7%, il signe un nouveau record et devient à la fois le premier parti des droites et le deuxième parti de Suède.
«Cela en dit long sur le chemin parcouru, sur le petit parti dont tout le monde se moquait […] aujourd’hui nous sommes le deuxième parti de Suède», a lancé Jimmie Akesson devant ses partisans réunis à son QG de campagne. «Notre ambition est d’être au gouvernement», a-t-il réaffirmé, même s’il est plus probable que le parti se contente d’un rôle d’appui de la nouvelle majorité au Parlement.
Longtemps paria, le parti nationaliste et anti-immigration se retrouve désormais en position de force, puisqu’il pourrait prendre les rênes du pays aux côtés de la droite modérée. Il s’agit d’un tournant majeur, puisque la droite traditionnelle suédoise n’avait jusqu’à présent jamais envisagé de gouverner avec l’appui direct ou indirect des SD.
«La démocratie suédoise doit suivre son cours, tous les votes doivent être comptés et nous attendrons le résultat», a pour sa part affirmé le Premier ministre sortant, Magdalena Andersson, qui espérait assurer un troisième mandat à la gauche lors de ces législatives.
Entrés à la chambre pour la première fois en 2010, avec 5,7% des voix, les SD n’ont cessé de progresser depuis, avec 12,9% et une place de troisième parti en 2014, puis 17,5% en 2018. Ils dépassent désormais les 40% dans certaines communes, notamment dans le sud du pays.
L’immigration importante et les règlements de compte meurtriers entre bandes criminelles dans les banlieues suédoises ont gonflé l’audience des SD ces dernières années. Ces thèmes, ainsi que la flambée des prix des carburants et de l’électricité, ont dominé la campagne, conduisant les sociaux-démocrates à durcir leurs positions sur la sécurité et l’immigration.
Les SD ont progressivement siphonné les voix des conservateurs mais aussi des sociaux-démocrates, progressant particulièrement chez les électeurs masculins de la classe ouvrière. «Je pense que [notre succès] s’explique par le fait que les gens ne trouvent pas que les autres partis prennent leur situation au sérieux», avait affirmé Jimmie Akesson à l’AFP lors d’un meeting de campagne organisé à Stockholm en août.
Affichant comme slogan «Pas comme les autres partis», les Démocrates de Suède ont toutefois mis de l’eau dans leur vin, à l’instar d’autres formations nationalistes en Europe. Autrefois favorable à un «Swexit», le parti a ainsi renoncé en 2019 à l’idée d’une sortie de l’Union européenne.
Parmi ses grands dossiers internationaux, le prochain gouvernement suédois doit notamment finaliser la candidature historique du pays à l’OTAN, menacée d’un veto turc. Le pays prendra également la présidence tournante de l’UE le 1er janvier 2023.
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