Les réactions internationales n'ont pas manqué, alors que la France a vécu sa quatrième nuit d'émeutes à la suite de la mort de Nahel. Les critiques les plus rudes viennent de Russie, Pologne, mais aussi de l'ONU.
Il serait temps qu’Emmanuel Macron s’occupe de la France et des «Français ordinaires» plutôt que de l’Ukraine : c’est en substance ce que Dmitri Medvedev, ancien Président russe et actuel vice-président du conseil de sécurité de la Fédération de Russie, a voulu faire savoir sur Twitter, le 1er juillet, alors que l’Hexagone se prépare pour une cinquième nuit d’émeutes à la suite du décès de Nahel, l’adolescent de 17 ans tué lors d’un contrôle de police.
Macron a dit plusieurs fois qu'il était du côté de l'Ukraine. Il est peut-être temps de mettre un terme à cette diarrhée verbale et se ranger du côté de la France.
L'argent dépensé en vain pour les armes destinées à la bande du drogué zelenski aurait pu être utile aux Français…
— Dmitry Medvedev (@MedvedevRussiaE) July 1, 2023
La critique est rude, mais d’autres dirigeants, dont les pays entretiennent des relations pourtant moins tendues avec Paris, ont eux aussi vertement critiqué la situation française.
«Nous ne voulons pas de scènes comme celle-ci dans aucune ville d’Europe»
«Boutiques pillées, voitures de police incendiées, barricades dans les rues – c’est ce qui se passe actuellement dans le centre de Paris et dans de nombreuses autres villes françaises», a twitté le président du Conseil polonais Mateusz Morawiecki, en plein sommet de l’UE sur la politique migratoire, où est débattue la répartition des demandeurs d’asile dans l’UE. «Nous ne voulons pas de telles scènes dans les rues polonaises. Nous ne voulons pas de scènes comme celle-ci dans aucune ville d’Europe». Morawiecki a appuyé ses dires avec une vidéo des émeutes en France, leur opposant la vie en Pologne.
Nasz plan to Europa Bezpiecznych Granic – bezpieczeństwo i porządek publiczny – to są wartości, od których wszystko inne się zaczyna! pic.twitter.com/9anvfDU11d
— Mateusz Morawiecki (@MorawieckiM) June 30, 2023
Le dirigeant hongrois Viktor Orban, lui aussi critique de la politique migratoire de l’UE, a simplement déclaré durant ce débat que la Hongrie refusait de voir «des ghettos de migrants» sur son sol, sans toutefois mentionner nommément la France.
De l’autre côté du Rhin, Berlin a déclaré le 30 juin observer «avec une certaine inquiétude ce qui se passe en France», par l’intermédiaire du porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, bien qu’il ait affirmé que le président français et son gouvernement s’efforçaient «très activement de surmonter» la crise actuelle.
L’Algérie, concernée par le drame, l’adolescent Nahel ayant été de nationalité française et algérienne, a affirmé par l’intermédiaire de son ministère des affaires étrangères «faire confiance» au gouvernement français pour assurer son «devoir de protection» de ses ressortissants, tout en se disant «soucieux de leur quiétude».
Accusation de racisme à l’ONU
Bien plus critique, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme Ravina Shamdasani, a estimé le 30 juin que c’était «le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre».
Une accusation a laquelle le ministère français des affaires étrangères a répondu, affirmant que «toute accusation de racisme ou de discrimination systémiques par les forces de l’ordre en France est totalement infondée». «Le dernier examen périodique universel auquel notre pays s’est soumis nous a permis d’en faire la démonstration», a souligné le ministère, ajoutant que «la France et ses forces de l’ordre luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discriminations». «Aucun doute n’est permis dans cet engagement», s’est défendu le Quai d’Orsay.
La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d’Algérie, a ravivé le sujet des violences policières et du refus d’obtempérer en France, où 13 personnes sont mortes à l’issue d’un contrôle de police l’an dernier. Les émeutes relancent de surcroît le débat sur l’insécurité liée à l’immigration de masse et le défi de l’intégration.
Quatrième nuit d’émeutes : 1311 interpellations, 79 policiers et gendarmes blessés, 2560 incendies