Lydia Guirous, essayiste et membre du bureau politique de LR, s'interroge sur le timing des annonces du chef d'Etat en clôture du Beauvau de la sécurité. De l'opportunisme politique à moins d'un an de la présidentielle ?
Le président de la République a pour faiblesse les sujets régaliens. A quelques mois maintenant de la présidentielle, il a décidé de prendre le costume de l’homme qui incarne l’autorité, le Président qui mènera la France vers une sécurité pour tous. On a envie d’y croire. C’est beau. C’est bien écrit. C’est bien dit… mais… mais nous sommes à huit mois de l’élection présidentielle et l’on ne peut s’empêcher de penser : «Pourquoi pas avant ?» «Pourquoi pas plus tôt ?». Par ailleurs ces propositions ne verront le jour qu’à condition que monsieur Macron soit réélu… car rien ne sera fait avant. Du vent donc ? De l’arrogance et du cynisme? Du je-m’en-foutisme ? Difficile d’y voir clair, mais le rétro-planning laisse songeur…
Par ailleurs faut-il approcher d’une échéance pour sortir le chéquier afin de régler les problèmes que connaissent nos forces de l’ordre ? Faut-il approcher de l’élection pour découvrir que la France est frappée par une vague d’insécurité ? Certaines propositions sont à saluer et vont dans le bon sens : plus de moyens, moins de perte de temps pour la «paperasserie», une police qui se concentre sur ses missions et la fin des «rappels à la loi» qui étaient devenus des sanctions démoralisantes pour les policiers et une forme de permis de recommencer pour les petits délinquants.
Faut-il approcher de l’élection pour découvrir que la France est frappée par une vague d’insécurité ?
Une annonce pourtant flirte avec l’idéologie de gauche qui voit toujours dans la police des suspects de violences et dans les délinquants des innocents victimes d’injustices sociales : la création d’une autorité parlementaire pour contrôler le travail de l’IGPN. Un travail qui manquerait de transparence et dont les décisions ne seraient pas effectives. Cette proposition jette une malsaine suspicion sur le travail de ce corps d’inspection, à la sévérité pourtant reconnue. Rappelons que les policiers représentent 7% de la fonction publique mais qu’ils font l’objet de 50% des sanctions…
Les mois à venir vont être sans doute marqués par une bataille de communication autour des sujets de sécurité et d’immigration. Selon un sondage Ifop, 86% des Français affirment que la lutte contre l’insécurité sera un sujet «important» dans leur vote en 2022. On comprend mieux l’urgence pour Emmanuel Macron de muscler son discours, surtout après un été aux multiples faits divers et règlements de compte sanglants.
Emmanuel Macron, en choisissant de se rendre dans les Hauts de France, région d’un autre candidat déclaré à l’élection présidentielle Xavier Bertrand, invite aussi chacun à entrer dans le match. Il a d’une certaine façon coupé l’herbe sous le pied de son concurrent de droite qui devait, sur ses terres du Nord, présenter le 15 septembre son programme sur la sécurité.
Espérons qu’à l’ère du «quoi qu’il en coûte», nous n’assisterons pas à la multiplication de propositions non financées et à une surenchère qui serait une insulte à l’intelligence des Français et à leur sécurité réelle… En tout cas une chose est sûre, il n’y aura rien de réalisé parmi ces «nobles» propositions pendant les huit mois à venir ; il faudra attendre la réélection de M. Macron. Les électeurs jugeront… En tout cas, on sent que le président Emmanuel Macron a réellement du mal à endosser les sujets de sécurité… sans doute une question de nature et de culture politique originelle.
Lydia Guirous
Sécurité : au cœur de 2022 ?