Le conseil d’administration du groupe a annoncé qu’il proposerait aux actionnaires de se prononcer sur une augmentation de 10% de la rémunération de son PDG Patrick Pouyanné. Le salaire du dirigeant avait déjà suscité la polémique à l’automne.
L’annonce n’intervient pas nécessairement au meilleur moment, alors que les manifestations et les grèves dans les raffineries se poursuivent contre la réforme des retraites. Le conseil d’administration de TotalEnergies a indiqué le 16 mars qu’il proposerait, lors de l’assemblée générale des actionnaires prévue fin mai, une hausse de 10% de la rémunération de son PDG Patrick Pouyanné. Devrait ainsi être soumise au vote de l’AG une motion prévoyant que «la rémunération et l’attribution d’actions de performance au titre de 2023 sont proposées en hausse de 10% par rapport à 2022», selon un communiqué du groupe.
Il s’agit d’une «hausse équivalente à celle dont ont bénéficié en moyenne les cadres du socle social commun en France», a avancé le groupe. Cette hausse vient d’une part de l’augmentation du salaire de 10%, sur la partie variable du salaire du dirigeant – la rémunération fixe de 1,5 million d’euros n’évoluant pas – et d’autre part de la hausse de 10% du nombre d’actions de performance.
La rémunération totale du dirigeant du groupe en 2022 n’a pas encore été publiée. En 2021, elle avait augmenté de plus de 50% pour frôler les 6 millions d’euros, un montant élevé qui avait déclenché une polémique à l’automne, alors qu’un conflit salarial avait cours dans les raffineries du groupe. Patrick Pouyanné avait ajouté de l’huile sur le feu en se disant dans un tweet «fatigué» des accusations dont il était la cible, rappelant qu’il avait volontairement amputé son salaire et sa part variable en 2020. Sa rémunération avait effectivement diminué de 36,4% cette année et s’élevait à 4 millions d’euros environ.
«Ce n’est pas moi qui fixe ma rémunération, mais le conseil d’administration de TotalEnergies qui le fixe et les actionnaires qui l’approuvent – il est certes élevé, mais comparable à mes pairs du CAC 40 et bien moins élevé que celui des autres majors» du secteur pétrochimique, s’était-il défendu. La dirigeant s’était aussi attiré de nombreuses critiques en niant en septembre l’existence de «superprofits» réalisés par TotalEnergies : il avait alors mis en avant la volatilité des prix à laquelle sont exposées les entreprises du secteur pour expliquer les bénéfices considérables engrangés par le groupe.
Parallèlement à cette annonce du conseil d’administration, la CGT a fait part de son intention de mettre à l’arrêt de la raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-l’Orcher (Normandie) à partir de ce week-end, en protestation contre le recours du gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer en force la réforme des retraites.
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