S'exprimant au côté de son homologue turc, Sergueï Lavrov a rappelé l'attachement de son pays à la fondation d'un nouvel ordre mondial, débarrassé de l'hégémonie américaine. Une condition nécessaire au règlement du conflit en Ukraine.
En visite en Turquie ce 7 avril, Sergueï Lavrov a abordé une des grandes causes de la diplomatie russe : la réalisation d’un nouvel équilibre international, fondé sur le multilatéralisme.
Pour le ministre russe des Affaires étrangères, le règlement du conflit en Ukraine passe par la remise en cause de l’ordre international actuel dominé, selon lui, par Washington. «Certains experts internationaux, des représentants de certains pays tentent de présenter des initiatives du type “mettons maintenant la Russie et l’Ukraine à la table des négociations”. C’est un symptôme de la situation qui s’est développée à la suite de la mise en place par les Etats-Unis d’une hégémonie totale dans les relations internationales», a ainsi jugé le chef de la diplomatie russe, s’exprimant devant la presse à l’issue d’un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu. Et d’ajouter : «Par conséquent, il s’agit [de définir] les principes sur lesquels le nouvel ordre mondial sera fondé, dont nous avons tous besoin, au lieu de l’ordre mondial unilatéral, de l’ordre mondial d’un seul hégémon, comme l’a dit notre président.»
Sergueï Lavrov a rappelé que son pays se prononçait, «avec la majorité écrasante des autres Etats», pour que le nouvel ordre mondial «repose sur les principes de la Charte des Nations unies» – principes qui, selon le chef de la diplomatie russe, «sont directement violés par l’Occident dans son ensemble».
La remise en cause de l’hégémonie américaine et l’émergence d’un monde multipolaire sont des leitmotivs du discours des autorités russes sur les relations internationales. Pas plus tard que le 30 mars, en ouverture de l’entretien bilatéral avec son homologue chinois Wang Yi, Sergueï Lavrov avait déclaré que Moscou et Pékin, ainsi que «d’autres partenaires», partageaient «les mêmes idées», à savoir l’avancée d’«un ordre mondial multipolaire, juste et démocratique».»
L’Ukraine, épicentre des tensions Russie-Occident
Les nations occidentales, de leur côté, reprochent à la Russie d’avoir lancé de manière unilatérale une guerre d’invasion violant le droit international, en intervenant militairement en Ukraine à partir de fin février 2022. Pour justifier son offensive, la Russie a invoqué la nécessité de protéger les populations du Donbass, mais aussi de contrer la progression de l’OTAN – alliance militaire menée par Washington – à ses portes, jugeant que cela menaçait directement sa sécurité. Avant de lancer son «opération spéciale» en Ukraine, Moscou avait d’ailleurs réclamé aux Occidentaux des garanties de sécurité, parmi lesquelles le retrait d’Europe centrale, orientale et des pays baltes des troupes et armes américaines.
En outre, dans le contexte de guerre en Ukraine, les autorités russes accusent les Occidentaux de prolonger les hostilités en multipliant les livraisons d’armements aux autorités ukrainiennes. Kiev et ses alliés américains et européens dénoncent quant à eux un viol de la souveraineté de l’Ukraine et appellent la Russie à quitter les territoires qu’ils considèrent comme étant toujours ukrainiens, y compris la Crimée.
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