Concédant qu'il «aurait aimé ne pas avoir à fermer Fessenheim», Edouard Philippe estime que préserver ces deux réacteurs nucléaires n'aurait rien changé dans la crise actuelle. Une prise de position qui a été étrillée par des responsables politiques.
Lors des journées parlementaires d’Horizons à Fontainebleau le 17 septembre, Edouard Philippe a relativisé son action politique quant à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2020. Dans un tweet, l’ancien Premier ministre a résumé sa position : «J’aurais aimé ne pas avoir à fermer Fessenheim. Est-ce que notre situation serait sensiblement meilleure si on ne l’avait pas fermé ? Probablement pas. On aurait 28 réacteurs sur 58. On en a aujourd’hui 26 sur 56.
J’aurais aimé ne pas avoir à fermer Fessenheim. Est-ce que notre situation serait sensiblement meilleure si on ne l’avait pas fermé ? Probablement pas. On aurait 28 réacteurs sur 58. On en a aujourd’hui 26 sur 56. #JPHorizons
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) September 16, 2022
Malgré ce regret, il a néanmoins assumé réduire la part du nucléaire à 50% du mix électrique, et donc la fermeture progressive de 12 autres réacteurs nucléaires qu’il a lui-même validée sous sa gouvernance.
Une déclaration qui a été fortement critiquée, à l’image de l’ancien député Les Républicains, Julien Aubert dans plusieurs tweets : «Désolé Edouard Philippe. Si l’hiver est rigoureux et qu’il nous manque 10-15 GW d’installation, ses 1,8 GW nous manqueront. En flux, Fessenheim c’était 2-3% de notre électricité nucléaire, soit… 2 000 à 3 000 éoliennes. On en a construit 4 000 entre 2017 et 2021 […] On importe de l’électricité depuis les centrales allemandes à lignite !»
Désolé @EPhilippe_LH. Si l’hiver est rigoureux et qu’il nous manque 10-15 GW d’installation, ses 1,8 GW nous manqueront. En flux, Fessenheim c’était 2-3% de notre électricité nucléaire, soit… 2000 à 3000 éoliennes. On en a construit 4000 entre 2017 et 2021. @lesRepublicainshttps://t.co/sS46NowcyT
— Julien Aubert (@JulienAubert84) September 17, 2022
Le deuxième adjoint au maire de Bron, Marc Dubief (LR) estime également que les deux réacteurs de Fessenheim (d’une puissance de 1 760 MW) «manquent», considérant que cela revient grosso modo à la puissance électrique de deux centrales à charbon (émettrices de CO2) que la France va solliciter cet hiver, celles de Cordemais et Saint Avold.
Oui #Fessenheim manque.
Cordemais + Saint Avold = #Fessenheimhttps://t.co/RaNe9YdV59— Dubief Marc (@DubiefMarc) September 16, 2022
Le délégué LR de la sixième circonscription du Morbihan, Guillaume Kiefer cible le manque de responsabilité d’Edouard Philippe :«”J’aurais aimé ne pas avoir à”. Quand on est un homme, Edouard Philippe, on fait ses choix, et on en assume les conséquences. Personne ne vous a forcé à faire ce que vous avez fait. Vous auriez pu ne pas prendre le poste, vous opposer clairement ou démissionner.»
"j'aurais aimé ne pas avoir à". Quand on est un homme, Edouard Philippe, on fait ses choix, et on en assume les conséquences. Personne ne vous a forcé à faire ce que vous avez fait. Vous auriez pu ne pas prendre le poste, vous opposer clairement ou démissionner.
— Guillaume Kiefer (@KieferGuillaume) September 17, 2022
Le secrétaire de section du Parti communiste au Havre, Baptiste Bauza, considère les regrets d’Edouard Philippe comme «superflus». «Vous avez fait un choix politique dont nous payons le prix fort aujourd’hui. Et vous êtes un récidiviste puisque vous avez, en prime, fermé la centrale thermique du Havre. Votre responsabilité est lourde», précise-t-il sur Twitter.
Les regrets sont superflus. Vous avez fait un choix politique dont nous payons le prix fort aujourd’hui. Et vous êtes un récidiviste puisque vous avez, en prime, fermé la centrale thermique du Havre. Votre responsabilité est lourde !
— Baptiste Bauza (@BaptisteBauza) September 16, 2022
Au cours de son intervention, Edouard Philippe a également abordé la question des retraites, et notamment l’hypothèse de l’inclusion d’une réforme dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Il s’est adressé au Premier ministre Elisabeth Borne : «Nous serons derrière vous pour améliorer notre système de retraites dans le sens de plus de justice et de plus de travail, que vous choisissiez de le faire en octobre, en décembre, en mars, quand vous voudrez, nous serons là.» Les applaudissements ont suivi cette parole d’après l’AFP.
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