Le gouvernement envisage de redémarrer la centrale à charbon de Saint-Avold pour sécuriser l'approvisionnement électrique français. La situation est en partie due à l'affaiblissement du parc nucléaire national et à l'impact du conflit ukrainien.
Comme le rapporte l’AFP, le gouvernement envisage de revenir sur la décision de fermer la centrale à charbon de Longeville-lès-Saint-Avold, en Moselle, l’une des trois dernières centrales à charbon de France. Le ministère de la Transition écologique songerait en effet à augmenter, temporairement, le plafond de temps de production des centrales à charbon.
Avec 15 réacteurs nucléaires à l’arrêt parmi les 56 unités que compte l’Hexagone couplé à l’impact énergétique du conflit militaire en Ukraine, le gouvernement se voit ainsi obligé d’envisager cette réouverture afin de sécuriser l’approvisionnement en électricité des Français. Le 7 février, EDF avait été contraint d’abaisser sa prévision de production nucléaire en France pour 2022, la ramenant à 295-315 térawattheures (TWh), contre les 300-330 TWh annoncés le 13 janvier. Les nouvelles estimations ramènent la production à son niveau de «1991, au mieux», selon Les Echos, et la situation risque d’accroître la tension sur l’approvisionnement électrique de la France en 2022.
«Si la centrale de Saint-Avold n’a pas vocation à fonctionner dans les prochains mois», des travaux menés par le ministère avec le gestionnaire du réseau RTE «pourraient conclure à l’opportunité d’autoriser le redémarrage ponctuel de cette centrale en assouplissant à nouveau temporairement la contrainte» sur son nombre d’heures de fonctionnement, selon le ministère de la Transition écologique qui s’est exprimé auprès de l’AFP.
Barbara Pompili a également demandé la mise en place d’un audit indépendant à EDF pour identifier les solutions permettant d’optimiser la disponibilité du parc nucléaire français et d’accroitre les marges disponibles sur le réseau électrique. Les conclusions de cet audit sont attendues pour la fin du mois de mai.
Le gouvernement envisage d’assouplir les limites d’utilisation des centrales à charbon
La loi énergie climat de 2019 a fixé une limite de production annuelle de 700 heures de fonctionnement en 2022 pour les centrales à charbon. Comme l’a rappelé le ministère de la Transition écologique, l’entreprise Gazel, propriétaire de la centrale, avait décidé de fermer de la centrale de Saint-Avold au 31 mars 2022. Pour permettre le redémarrage de Saint-Avold et son fonctionnement l’hiver prochain, le ministère envisage donc d’assouplir «temporairement la contrainte sur le nombre d’heures de fonctionnement de cette centrale», et ce, «afin de sécuriser l’approvisionnement électrique lors de l’automne et de l’hiver prochains». «Nous avons demandé à GazelEnergie et à EDF de se préparer à cette éventualité», a indiqué une source ministérielle interrogée par l’AFP.
«Nous sommes d’accord pour redémarrer l’hiver prochain, mais nous attendons une décision ferme de l’Etat, nous avons besoin d’un décret», a quant à elle réagi le 28 mars la directrice de la communication de GazelEnergie, Camille Jaffrelo, jointe par l’AFP.
Le redémarrage de la centrale se ferait sous deux conditions : «Une absence d’approvisionnement en charbon russe et une compensation intégrale des émissions de gaz à effet de serre dues au fonctionnement de la centrale, afin de neutraliser l’impact climatique correspondant.» Toujours selon le ministère, même dans l’éventualité, où Saint-Avold redémarrerait, «la production d’électricité à partir de charbon restera extrêmement marginale en France (moins de 1%)». Le ministère a également précisé que le fonctionnement éventuel de la centrale l’hiver prochain, «lié à un contexte exceptionnel, ne remettrait pas en cause la trajectoire globale de sortie du charbon de la France».
Emmanuel Macron avait promis de fermer d’ici à 2022 les dernières centrales à charbon – facilement mobilisables pour produire de l’électricité en cas de besoin, mais également très émettrices de CO2. La centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra continuer de fonctionner jusqu’en 2024, malgré la promesse présidentielle, en raison du risque de tensions sur le réseau, le temps que le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) entre en service. En 2022, la France ne produisait que 1% de son électricité avec du charbon, loin derrière le nucléaire (69%), l’hydraulique (12%), l’éolien (10%) ou encore le gaz (6%), selon les données de RTE.
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