Selon une enquête du New York Times citant les services secrets américains, Kiev serait bien à l'origine de l’attaque à la voiture piégée qui a coûté la vie à Daria Douguina en août, confirmant les accusations portées par le FSB peu après l'attentat.
Une enquête du New York Times publiée le 5 octobre, citant une série d’officiels américains, est venue confirmer l’implication de membres du gouvernement ukrainien dans la mort de Daria Douguina, la fille de l’intellectuel nationaliste russe Alexandre Douguine, décédée près de Moscou en août après l’explosion de son véhicule.
Les responsables du renseignement américain cités par le journal restent assez vagues, évoquant une opération autorisée par «certains éléments du gouvernement ukrainien», sans préciser qui avait mené l’attaque, ni si le président Volodymyr Zelensky l’avait ou non validée. En outre, les responsables cités par le New York Times ont affirmé que les États-Unis n’ont pris part d’aucune manière à l’attentat, que ce soit en fournissant des renseignements ou par une autre forme d’assistance.
Ils ont également assuré ne pas avoir été tenus au courant de l’opération à l’avance, et qu’ils se seraient opposés au meurtre s’ils avaient été consultés, afin d’éviter une escalade supplémentaire dans le conflit en cours : les Russes auraient pu, en réaction, déclencher des opérations ciblées du même type. Plus encore, les Etats-Unis auraient «admonesté» l’Ukraine après l’attentat, mais, là encore, les précisions font défaut quant aux destinataires exacts de ces réprimandes.
Ce manque d’informations détaillées tiendrait au fait que Kiev n’aurait pas toujours fait part de ses intentions à Washington, tandis que les Etats-Unis ne disposeraient pas d’une «vision complète» des rivalités au sein du pouvoir ukrainien, entre l’armée, les services secrets et la présidence. Par conséquent, seule une partie du pouvoir ukrainien aurait été au courant du projet, suggère le quotidien sur la base de ces déclarations.
Moscou prend acte de cette confirmation tardive, Kiev continue à démentir son implication
Interrogé par la presse au sujet de cette enquête, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov a rappelé que l’implication du gouvernement ukrainien dans «cet attentat terroriste» avait été établie par les services russes «dès le début» et que «les commanditaires sont connus». Il a pris acte des déclarations relayées par le New York Times, voyant dans cette reconnaissance «un signe positif», quoiqu’arrivant «un peu tard». Dimitri Peskov a cependant apporté un bémol, en indiquant «espérer que ce n’est pas une tentative des collègues américains, possédant certaines informations, de se débarrasser de toute responsabilité pour la préparation de futurs attentats par le régime ukrainien».
Pour sa part, Kiev a persisté à nier tout rôle dans le meurtre : Mikhaïl Podoliak, conseiller du président ukrainien, a ainsi réaffirmé auprès du journal américain que l’Ukraine n’avait aucun intérêt «tactique ou stratégique» à éliminer Daria Douguina, et qu’elle préférait se focaliser sur des cibles telles que les «collaborateurs ou représentants du commandement russe» sur le territoire ukrainien. Un autre officiel ukrainien a d’ailleurs confié au New York Times, sous couvert de l’anonymat, que les forces de Kiev organisaient des attaques ciblées contre des Russes ou des personnes accusées de «collaboration», citant comme exemple l’empoisonnement du chef de l’administration de la région de Kherson en août.
Deux jours après la mort de Daria Douguina le 20 août, le FSB avait accusé «les services spéciaux ukrainiens» d’avoir «préparé et commis» le «meurtre» de la jeune femme, et identifié la responsable de l’explosion du véhicule de la journaliste, Natalia Vovk, ensuite partie vers l’Estonie, avant de révéler la semaine suivante l’identité d’un complice, Bogdan Tsyganenko.
Plusieurs spécialistes occidentaux du renseignement avaient alors rejeté les explications fournies par les services russes, doutant de la capacité des services ukrainiens à organiser une telle attaque et suggérant même l’hypothèse d’une manipulation orchestrée par Moscou pour fragiliser Kiev.
Selon des proches de la famille Douguine, cités par les agences de presse russes, c’est en réalité son père Alexandre qui aurait été la cible de cette attaque. Selon eux, Daria aurait en fait pris la voiture dans laquelle son père devait se trouver.
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