Le patron de LR Eric Ciotti se dit prêt à «voter une réforme juste» des retraites, ouvrant grand la porte au projet qui sera présenté par l'exécutif le 10 janvier. Un positionnement qui satisfait le gouvernement et ne surprend pas les oppositions.
«La situation budgétaire, démographique et économique impose cette réforme» : dans les colonnes du Journal du Dimanche ce 8 janvier, le président des Républicains (LR) Eric Ciotti a annoncé son intention de voter une «réforme juste» des retraites, alors que le gouvernement doit proposer son – controversé – projet sur le sujet le 10 janvier.
«Politiquement, la droite de gouvernement a toujours soutenu la nécessité d’une réforme des retraites qui conduit à travailler un peu plus», a ajouté le député des Alpes-Maritimes, estimant que la voter relevait «d’une question de cohérence et de responsabilité».
Conscient de l’impopularité de la réforme – que son groupe à l’Assemblée nationale pourrait voter, évitant ainsi au chef du gouvernement de recourir une énième fois à l’arme constitutionnelle du 49.3 –, Eric Ciotti a affirmé dans son entretien au JDD avoir demandé au Premier ministre d’en «atténuer la brutalité». Elle doit selon lui «s’étaler sur deux quinquennats», avec un relèvement de l’âge légal de départ à 63 ans en 2027 puis 64 ans en 2032. C’est ce que pourrait annoncer le 10 janvier Elisabeth Borne, après avoir envisagé un report à 65 ans.
Le minimum retraite à 1 200 euros programmé par l’exécutif devra s’appliquer aux nouveaux entrants et aussi «de façon rétroactive aux retraités actuels qui bénéficient des pensions les plus modestes», ce qui sera «une des conditions de notre vote», a soutenu le dirigeant du parti de droite, qui pense avoir été entendu par Elisabeth Borne.
Attal satisfait, les oppositions s’y attendaient
Le ministre délégué aux Compte publics Gabriel Attal s’est montré sans surprise satisfait de la tournure des événements. «Je salue la responsabilité de toutes celles et de tous ceux qui d’abord sont prêts à chercher une solution pour permettre à notre système de retraites de perdurer», a-t-il déclaré sur France 3.
Du côté des oppositions, ce rapprochement de LR avec la majorité présidentielle – numériquement minoritaire à l’Assemblée face à l’ensemble des oppositions – sur un sujet aussi sensible est tout sauf une surprise. «Sur les retraites, la boussole d’Emmanuel Macron s’appelle Eric Ciotti… C’est en même temps le recul de l’âge légal et l’augmentation de la durée de cotisation», a ainsi constaté le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, en commentant la Une du JDD.
Sur les #Retraites, la boussole d’@EmmanuelMacron s’appelle @ECiotti…
C’est en même temps le recul de l’âge légal et l’augmentation de la durée de cotisation. pic.twitter.com/jkd54oPRAD
— Olivier Faure (@faureolivier) January 8, 2023
La secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier a quant à elle glissé que le terme «juste» dans la bouche du patron des LR n’avait probablement pas la même signification que pour son parti. «Verdict dans quelques semaines !», a-t-elle lancé.
Intuition du dimanche matin :
M’est d’avis que quand @ECiotti se dit prêt à voter la reforme si elle est « juste », il n’a pas la même conception du « juste » que nous…
Verdict dans quelques semaines !https://t.co/TpqUliBSTz
— Marine Tondelier (@marinetondelier) January 8, 2023
«LR serait sur le point de se vendre à Macron en votant la réforme des retraites ! Confirmation par Ciotti ce matin. On n’est pas surpris : la trahison est leur seul ADN ! Les électeurs n’oublieront pas et les feront disparaître !», a pour sa part tancé le président des Patriotes Florian Philippot.
Témoin de l’impopularité de la réforme, 79% des Français seraient «viscéralement» opposés au report de l’âge légal de départ à la retraite, confiait Stéphane Zumsteeg, le directeur du département politique et opinion de l’institut de sondage Ipsos sur le plateau de BFM TV le 7 janvier.
Mais selon lui, les Français étant «apathiques» et «résignés», la population ne serait pas disposée à soutenir des mouvements sociaux qui pourraient être durs et entraîner des blocages dans les services publics.
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