Economie

Etats-Unis : après la faillite de la Silicon Valley Bank, le secteur bancaire retient son souffle

La banque américaine des startuppers s’est effondrée le 10 mars, faisant souffler un vent de panique sur les marchés. Il s’agit de la plus importante faillite bancaire aux Etats-Unis depuis celle de Washington Mutual en 2008.

Le nom de Silicon Valley Bank (SVB) restera-t-il dans l’histoire comme l’élément déclencheur d’une nouvelle crise financière internationale ? Fermée par les autorités américaines le 10 mars, à la suite à d’un bank run (expression désignant un grand nombre de clients d’une banque craignant qu’elle ne devienne insolvable en retirent leurs dépôts le plus vite possible) de ses épargnants, l’administration américaine tient à se montrer rassurante quant à la solidité de son secteur bancaire.

«Notre système bancaire est dans une position fondamentalement différente de ce qu’il était il y a une décennie», a assuré devant la presse Cecilia Rouse. Affirmant avoir «toute confiance en nos régulateurs», la chef des conseillers économiques de la Maison Blanche a mis en avant les réformes effectuées depuis la dernière crise financière.

Même ton du côté de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Déclarant que le secteur bancaire étatsunien restait «résilient», la ministre de l’Economie et des Finances de Joe Biden a assuré des régulateurs du secteur de la finance qu’elle a convoqués de sa «pleine confiance» dans leur capacité à agir de manière appropriée. Elle a par ailleurs déclaré, devant une commission de la Chambre des représentants, suivre de «très près les développements récents qui concernent quelques banques». Des propos qui, aux yeux de plusieurs observateurs, confirment l’existence d’un risque de contagion.

Deux banques envoyées au tapis en moins d’une semaine

Quelques heures plus tôt, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’agence américaine chargée de garantir les dépôts, prenait le contrôle de la SVB. Cette banque californienne, spécialisée dans le financement des start-ups, ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients. Durant la seule journée du 9 mars, la SVB a perdu 60% de sa valeur boursière, un scénario cauchemardesque qui s’est répété le lendemain poussant les régulateurs à suspendre sa cotation. L’établissement devrait rouvrir ses portes le 13 mars sous un autre nom.

Les déboires de la SVB – couplés à ceux de Silvergate Capital, qui a annoncé le 8 mars sa liquidation volontaire – ont jeté un vent de panique sur les marchés américains et mondiaux. Le 9 mars, les quatre plus grandes banques américaines enregistraient près de 52 milliards de pertes.

Comme un air de déjà-vu

A Wall Street, l’action de Bank of America chutait de 6,20%, celle de Wells Fargo de 6,18%, celle de Citygroup de 4,10% et celle de Goldman Sachs de 2,06%. L’impact a été bien plus violent pour des banques de taille moyenne, régionales, telles que First Republic qui a reculé de 15%, Signature Bank qui a perdu 23% ou encore PacWest Bancorp qui a dévissé de 35%.

Dans le sillage des banques américaines, leurs homologues asiatiques puis européennes ont flanché. A Paris, Société Générale perdait 4,49%, BNP Paribas 3,82% et Crédit Agricole 2,48%. Ailleurs en Europe, la banque allemande Deutsche Bank a lâché 7,35%, la britannique Barclays 4,09% et la suisse UBS 4,53%.

Seizième banque du pays, la SVB comptait fin 2022 pas moins de 209 milliards de dollars d’actifs et 175,4 milliards de dépôts, selon les chiffres de la Réserve fédérale américaine (Fed). Un montant similaire à celui de Washington Mutual (WaMu) lors de sa faillite à l’automne 2008. Cette dernière avait été provoquée par les importants retraits effectués par ses épargnants, dans la foulée de la faillite de Lehman Brothers.

De nombreuses banques européennes plongent en Bourse, plombées par le secteur bancaire américain

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