«Une ingérence électorale», digne «d'une république bananière»: les républicains ont vertement critiqué la décision d'une cour déclarant Donald Trump inéligible à une primaire dans le Colorado.
Elus, sénateurs, candidats à la présidentielle… Un à un, les ténors conservateurs ont tous rejeté le jugement spectaculaire de la Cour suprême du Colorado interdisant le 19 décembre à Donald Trump de figurer sur le bulletin de vote de cet Etat américain au titre de son implication dans l’assaut du Capitole.
Par une majorité de quatre juges sur sept, cette juridiction a confirmé la décision de première instance concluant que Donald Trump s’était «livré à une rébellion le 6 janvier 2021» lors de l’assaut du Capitole, mais a en revanche considéré que le 14e amendement de la Constitution, invoqué pour réclamer son inéligibilité, s’appliquait bien à un président.
«La décision de la cour, qui cherche à disqualifier le président Trump des primaires du Colorado, est une attaque partisane à peine voilée», a critiqué le chef républicain au Congrès, Mike Johnson.
«C’est une ingérence électorale flagrante», a fustigé l’influent élu conservateur, Steve Scalise. «Nous vivons dans une démocratie, pas une république bananière», a renchéri le républicain Randy Weber.
Lâché par une partie de son camp après le chaos du 6 janvier 2021, le milliardaire de 77 ans a cette fois remobilisé le Parti républicain.
Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour suprême des Etats-Unis, devant laquelle l’ancien président républicain va se pourvoir.
Les rivaux restent dans le rang
Même Ron DeSantis, un des seuls rivaux de Donald Trump à avoir une chance de le concurrencer pour l’investiture républicaine, est resté dans le rang : le jugement pris dans le Colorado est basé sur des « motifs fallacieux » et doit être «renversé par la Cour suprême» des Etats-Unis, a-t-il plaidé dans un tweet le 19 au soir. La décision est elle-même suspendue jusqu’au 4 janvier, pour donner à la plus haute juridiction du pays la possibilité de trancher d’ici là.
Autre rivale de Donald Trump et actuellement troisième dans les sondages, Nikki Haley, n’offre pas de voix dissidente: «Ce n’est pas aux juges de prendre ce genre de décisions, mais aux électeurs», a-t-elle déclaré à des journalistes lors d’un événement dans l’Iowa.
Cet État lancera dans moins d’un mois le ballet des primaires républicaines pour lesquelles Donald Trump est largement favori. Depuis le début de la campagne, Ron DeSantis comme Nikki Haley ménagent leurs attaques contre l’ancien président, de peur de froisser sa base, encore très fidèle.
Trump accuse la Maison Blanche
Candidat à sa réélection, Joe Biden évite d’ordinaire de commenter les ennuis judiciaires de son rival, pour ne pas alimenter ses accusations d’instrumentalisation de la justice. Le dirigeant a toutefois durci le ton ce 20 décembre, affirmant que son prédécesseur avait «assurément soutenu une insurrection», le 6 janvier 2021.
«Chaque affaire contre laquelle je me bats est l’œuvre du ministère de la Justice et de la Maison Blanche», a rétorqué Donald Trump sur son réseau social, préfigurant la nature des échanges entre les deux hommes en 2024.
Hors normes
Election, procès, élection, procès: nul doute, l’Amérique s’apprête à vivre avec Donald Trump une année en tous points extraordinaire, ponctuée d’allées et venues entre les estrades de campagne et les tribunaux.
A chaque rebondissement de sa saga judiciaire tentaculaire, Donald Trump a jusqu’ici levé des sommes folles et grimpé dans les sondages, grâce à ses partisans, convaincus qu’il est victime d’une cabale politique.
Son équipe n’a d’ailleurs pas attendu pour faire campagne sur le jugement rendu au Colorado, jugement qu’il contestera pourtant devant la Cour suprême à Washington, en envoyant en masse, dès le 19 décembre au soir, des emails et des SMS à ses soutiens pour appels aux dons.
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