Selon le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, les Républicains disposeraient d’assez d’informations pour lancer une procédure d'impeachment à l'encontre du président américain.
Cet article, d’Irina Taran, Elizaveta Komarova et Vladimir Douïoun, a été initialement publié par RT en langue russe sous le titre «”Une atteinte majeure à la réputation” : le Congrès américain débat sur une éventuelle destitution de Biden».
Les données recueillies par le Parti républicain permettent de soulever la question d’une destitution du président américain Joe Biden, a affirmé le président de la Chambre des représentants des États-Unis Kevin McCarthy.
«Compte tenu de toutes les données que nous avons pu recueillir jusqu’à présent, la prochaine étape logique serait une enquête en destitution, a déclaré McCarthy à la chaîne Fox News. Cela donne au Congrès toute l’autorité juridique pour obtenir les informations dont il a besoin. On dirait que toute la famille Biden est imprégnée d’une culture de corruption… Le public américain mérite une réponse».
McCarthy a précisé que le locataire de la Maison Blanche avait affirmé qu’il n’avait aucun lien avec les affaires de son fils, et qu’il n’avait «même jamais participé à des conversations» à ce sujet, mais des preuves obtenues par les républicains attestent du contraire.
«Nous avons appris maintenant qu’il a non seulement participé à des rencontres [avec des partenaires étrangers de son fils, ndlr.], mais qu’il est aussi venu au dîner après lequel Hunter Biden a acquis une nouvelle Porsche pour laquelle 3,5 millions de dollars lui ont été transférés. Nous savons désormais que sous sa vice-présidence sa famille a fondé 20 sociétés écrans. À la même époque, ils ont reçu de Roumanie 16 paiements sur 17», a déclaré McCarthy.
D’après le sénateur, de l’argent a été versé à neuf membres de la famille du président américain. De surcroît, les républicains ont découvert que l’administration Biden avait «développé une tendance» à utiliser les mécanismes du pouvoir public «comme une arme» pour atteindre ses propres objectifs.
Des Républicains favorables à l’ouverture d’une procédure de destitution
«Comme nous l’avons établi, le procureur spécial David Weiss a dans les faits laissé courir le délai de prescription pour les [délits, ndlr.] fiscaux de Hunter Biden. En fait, le FBI a prévenu Hunter Biden et le comité d’investiture avant même que nous ayons pu l’interroger», a noté le président de la Chambre des représentants des États-Unis.
Auparavant, le républicain Greg Steube, membre de la Chambre des représentants, a déposé une résolution proposant de destituer le locataire de la Maison Blanche «pour crimes graves et infractions». Par la suite, sa collègue au parti républicain et à la chambre basse, Marjorie Taylor Green, a appelé à lancer au plus vite une enquête du Congrès en destitution du président américain.
Plusieurs autres membres républicains de la Chambre des représentants se montrent également favorables à l’ouverture d’une procédure de destitution de Joe Biden en septembre, indique le journal The Hill. Ralph Norman, en particulier, estime qu’à l’heure actuelle, toutes les conditions sont réunies pour engager cette procédure.
«Si on ne le fait pas maintenant, alors quand? – a-t-il fait remarquer. – Nous avons suffisamment de raisons non seulement d’ouvrir une enquête, mais aussi de le destituer». Robert Good, membre républicain de la Chambre des représentants, a aussi insisté pour que McCarthy «aille jusqu’au bout» dans la question d’une éventuelle destitution de Biden. «On a l’impression que chaque jour les preuves s’accumulent sur les actes délictueux évidents commis par le clan criminel des Biden», a déclaré Good
Pour sa part, la représentante Marjorie Taylor Green a indiqué sur les réseaux sociaux le 28 août que les preuves en faveur d’une enquête en destitution sont « si nombreuses qu’elle devrait se tenir en septembre».
Des élus promettent d’«obtenir des réponses»
Rappelons qu’en novembre de l’année dernière, des membres du Parti républicain faisant partie de la commission de surveillance de la Chambre des représentants des États-Unis ont publié un rapport dans lequel ils appelaient à enquêter sur l’«activité suspecte» de Joe Biden, liée selon eux aux affaires de son fils. Les républicains affirment que le locataire actuel de la Maison Blanche «a abusé de sa fonction publique pour promouvoir les intérêts financiers de sa famille».
Selon le président de la commission, James Comer, du Parti républicain, les membres de la famille Biden ont «perpétré des crimes fédéraux», notamment une conspiration en vue de nuire aux États-Unis, une fraude et une évasion fiscale. Selon les informations de Comer, le 46e président américain a activement participé à des transactions commerciales à l’étranger avec son fils Hunter. Plus tard, en décembre, le représentant a promis que lui et d’autres Républicains œuvreraient davantage pour «obtenir des réponses» et demander des comptes à Biden.
En juin de cette année, la commission des recettes et des dépenses de la chambre basse du Congrès a voté pour la publication des témoignages de «deux informateurs» de l’autorité fiscale américaine qui se sont directement occupés de l’affaire d’évasion fiscale de Hunter Biden. Un communiqué de presse de la commission indique que leurs données font état d’«infractions et d’abus de pouvoir au sein de l’IRS et du FBI» dans le cadre de l’enquête sur le fils du locataire de la Maison Blanche.
D’après le président de la commission, Jason Smith, ces informations montrent que «dans ses efforts pour protéger le fils du président américain», le département de la Justice de «l’administration Biden» a interféré dans l’investigation, outrepassant ses compétences.
Joe Biden a «menti au peuple américain», accuse un élu républicain
«Selon les témoignages [des informateurs, ndlr.], le département de la Justice a tenté de faire traîner l’enquête jusqu’à ce que le délai de prescription expire, et a communiqué aux avocats de Biden des informations confidentielles sur l’enquête, tout en rejetant les demandes du procureur fédéral américain de dresser une accusation contre Biden», a expliqué Smith, notant que cela «devrait préoccuper» les deux partis.
Il a appelé à engager des poursuites contre le département de la Justice et le FBI, soulignant que «la balance de la justice ne devrait pas pencher en faveur de personnes riches ayant des relations en politique». Toutefois, le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a démenti les allégations selon lesquelles le département de la Justice aurait entravé l’enquête sur l’évasion fiscale du fils du président américain.
En juillet, Chuck Grassley, sénateur américain, a publié un document du FBI qui, citant un informateur, affirme que Joe Biden était impliqué dans un schéma de corruption impliquant son fils Hunter et la société Burisma. Selon Fox News, les documents indiquent explicitement que Burisma avait proposé un siège à son conseil d’administration au fils du président américain afin que «celui-ci, par l’intermédiaire de son père, protège» l’entreprise «de toutes sortes de problèmes».
Plus tard, le président de la commission de surveillance de la Chambre des représentants, James Comer, a déclaré que le dirigeant américain avait publiquement «menti au peuple américain» en déclarant qu’il ignorait et ne se mêlait pas des affaires de son fils Hunter. En fait, comme il l’a fait remarquer, alors qu’il était vice-président des États-Unis, Joe Biden «a assisté plus de 20 fois aux dîners de Hunter avec ses partenaires commerciaux étrangers». Selon Comer, le locataire de la Maison Blanche était une «marque» que son fils vendait à travers le monde pour enrichir la famille Biden.
A l’approche des présidentielles, les Républicains veulent «faire monter la pression» sur Biden
Vladimir Vassiliev, chercheur à l’Institut d’études des États-Unis et du Canada au sein de l’Académie des sciences de Russie, a qualifié les éléments cités par les Républicains à l’encontre de Biden de crimes très graves s’ils s’avèrent être étayés par des preuves solides.
«Si tout est confirmé, il s’agit au moins d’un abus direct de pouvoir, le fait d’accepter des pots-de-vin de la part de ressortissants de pays étrangers. Un tel schéma de corruption suffira non seulement pour que le Parti républicain mette en œuvre une procédure de destitution, mais aussi pour que des poursuites pénales soient engagées. Car même une révocation de Biden ne pourra, à elle seule, clore ce type d’affaire», a commenté l’expert interrogé par RT.
Vassiliev pense que les Républicains ont «en réserve» plus de détails sur les activités de corruption de Biden et de son fils, mais qu’ils ont décidé pour l’instant de les «garder pour le dessert».
«Il est très important pour les membres du Parti républicain de dévoiler ces informations de manière dosée et de faire monter la pression à l’approche du début officiel de la campagne présidentielle, qui débutera traditionnellement le 15 janvier 2024, les élections étant prévues pour l’automne. C’est-à-dire que si une procédure de destitution de Biden est lancée, elle se rapprochera plus de cette date. Il faut que les républicains préparent des accusations très graves d’ici là» a pointé l’analyste.
Comme le fait ressortir Vassiliev, c’est par ce biais que les Républicains comptent «compliquer considérablement» la campagne présidentielle de Biden.
«Il n’est pas exclu que le dessein du Parti républicain consiste à pousser les Démocrates à remplacer leur principal favori Joe Biden par un autre candidat à la veille de la phase active du processus électoral, en intensifiant la procédure de destitution. Si cela se produit, le Parti démocrate connaîtra une crise politique interne d’envergure», a pronostiqué l’expert.
Une destitution serait «un coup dur pour Biden et sa réputation»
Nikita Daniouk, directeur adjoint de l’Institut d’études et de prévisions stratégiques à l’université russe de l’Amitié des peuples, membre de la Chambre civique de la Fédération de Russie, considère, quant à lui, que les nouvelles données évoquées par le président de la Chambre des représentants des États-Unis, McCarthy, montrent que si Hunter Biden n’était pas le fils du président, «il aurait été condamné depuis longtemps».
«Dans d’autres circonstances, Hunter Biden, compte tenu de son comportement et de ses prédilections, aurait fait l’objet d’une procédure de révocation et serait aujourd’hui en prison, avec des peines qui se compteraient en dizaines d’années. Mais comme son père est le président des États-Unis, le département de la Justice et d’autres agences, à en juger par les éléments fournis par les informateurs et rendus publics, lui sont manifestement plus favorables qu’ils ne l’auraient été dans d’autres hypothèses. Les agences du gouvernement font de leur mieux soit pour clore ce sujet afin qu’il échappe au débat public, soit pour faire en sorte que le jeune Biden ne soit responsable que de délits mineurs», a noté l’analyste dans son commentaire à RT.
Daniouk a qualifié de «mesure potentiellement grave» une destitution éventuelle du locataire de la Maison Blanche.
«Ce sera un coup dur pour Biden et sa réputation. En fait, c’est l’un des outils censés réduire son potentiel électoral et faire en sorte que les républicains aient certains atouts dans leur manche. Cependant, Biden se défendra, notamment en intensifiant la campagne judiciaire contre le 45e président des États-Unis, Donald Trump, qui ne fait que gagner jusqu’ici des points et des dividendes dans les yeux des électeurs en raison de la situation actuelle, ainsi que de l’argent pour financer sa campagne électorale. Dans le même temps, Trump est apparemment poursuivi pour des accusations totalement inventées, ce que l’on ne peut pas dire, à en juger par les dernières informations, du scandale de corruption autour de Biden», a conclu l’expert.
Un rapport sur la corruption et la dépravation présumées d’Hunter Biden remis au Congrès américain ?