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«Aux fous !» : Pantin rebaptisée «Pantine» au nom de l’égalité hommes-femmes

Le maire de Pantin (Seine-Saint-Denis) Bertrand Kern a annoncé que la ville changerait de nom durant toute l’année 2023, en le féminisant par l’ajout de la lettre «e» afin de «sensibiliser» la population à l’égalité entre les sexes.

La cellule communication du Parti socialiste est-elle en surchauffe ? Après la suppression d’un clip incitant à l’adhésion, c’est une initiative du maire PS de Pantin (Seine-Saint-Denis), Bertrand Kern, qui a déclenché son lot de moqueries.

Une partie du célèbre jeu durant le championnat du monde de Scrabble à Lille, en 2016 (image d'illustration).

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«Pantin s’appellera pendant un an Pantine», signe de l’engagement de la ville pour «l’égalité entre les femmes et les hommes», a en effet annoncé le maire le 2 janvier. Dans une vidéo diffusée sur le compte Twitter de la commune, l’élu explique avoir décidé de placer les vœux de la municipalité sous l’égide de «l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les violences faites aux femmes».

«Nous rajouterons un E au nom de la ville parce qu’ainsi, nous voulons interpeller. Nous voulons qu’il y ait une prise de conscience sur cette égalité entre les femmes et les hommes, qui n’est pas encore parfaite même s’il y a eu des améliorations ces dernières années», a-t-il détaillé tout en citant les inégalités de salaires entre femmes et hommes, l’inégal accès à «certains métiers» et la place des femmes dans l’espace public qui «n’est pas toujours bien acceptée par les hommes».

Dans les faits, ce changement d’identité temporaire reste symbolique, puisqu’il n’y aura pas de nouveaux panneaux d’entrée de ville ni de modification dans les courriers officiels, a assuré le service communication. Seules les lettres géantes formant le nom «Pantin», positionnées le long du canal de l’Ourcq, se verront donc affublées d’un «e» supplémentaire, a indiqué le même service, en précisant que l’initiative visait surtout à «porter un message».

Les réactions à cette opération de communication ont été nombreuses. Certains internautes se demandant s’il s’agissait d’une «parodie» ou s’amusant des résultats d’une éventuelle féminisation de noms de villes telles que Mâcon ou Juan-les-Pins. Sur le plan politique, l’initiative du maire de Pantin a été vertement critiquée par plusieurs camps.

«Aux fous !», a réagi le journaliste Dominique de Montvalon, tandis que sa consœur de L’Opinion Emmanuelle Ducros s’est demandée si la municipalité retiendrait «Pantone» l’année suivante «pour refléter la diversité de la population».

La droite moque un mauvais coup de communication 

«L’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences faites aux femmes méritent mieux qu’un mauvais coup de communication !», a blâmé l’élu de Pantin et conseiller régional Les Républicains Geoffrey Carvalhinho, déplorant au micro de BFM TV que la décision ait été prise sans consulter le conseil municipal ni les habitants.

«Comme ça on a le Pantin et la Pantine !», a pour sa part moqué le députée européen Reconquête Gilbert Collard, jugeant la démarche de Bertrand Kern fort peu sérieuse.

«Quel pantin !», a lancé, sur le même registre, le souverainiste François Asselineau.

«Est-ce qu’en Seine-Saint-Denis, il ne serait pas plus utile de lutter contre le voile islamique, les discours salafistes et l’excision des jeunes filles ?», a attaqué plus frontalement l’eurodéputé Rassemblement national Dominique Bilde. 

Des réactions contrastées à gauche

La démarche de la mairie socialiste n’a pas fait l’unanimité à gauche : indulgent, le député de La France insoumise Antoine Léaument a estimé sur BFM TV qu’il s’agissait d’«un coup de com’ qui fait sourire et donc qui marche», soulignant que l’égalité salariale promue par le maire permettrait de mieux financer le système des retraites que le gouvernement s’apprête à réformer en y apportant «5 milliards» d’euros supplémentaires.

«Maire depuis 2001 il se réveille en ridiculisant le combat féministe !», a en revanche déploré la conseillère régionale Europe écologie-les Verts Annie Lahmer. «Les habitantes de Pantin en difficulté […] attendent mieux qu’un E pour 2023», a-t-elle ajouté.

«La proposition de renommer Pantin en Pantine, pour soi-disant promouvoir l’égalité hommes-femmes, c’est la pensée bourgeoise “de gauche” qui a renoncé à agir sur le réel», a pour sa part analysé le président du mouvement République souveraine Georges Kuzmanovic, en accompagnant son message d’une affiche du film Tchao Pantin de Claude Berri tout en ajoutant cette citation de Jean Jaurès : «Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots.»

Invité à s’exprimer sur la polémique suscitée par sa décision sur BFM TV ce 4 janvier, l’édile de Pantin a reconnu que l’ajout d’un «e» relevait du «symbole», mais qu’il était néanmoins utile pour «poser le débat». Bertrand Kern a également insisté sur le fait que les actions menées au quotidien par la commune en faveur de l’égalité femmes-hommes étaient passées sous silence, citant à cet égard l’accueil de plusieurs danseuses afghanes ou la présence d’une «intervenante sociale» au commissariat de la commune, afin de recueillir les plaintes des femmes victimes de violences.

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