Intervenant le 8 novembre en ouverture de la réunion des hauts responsables de la Communauté des États Indépendants, le président russe a rappelé l'enjeu géostratégique majeur représenté par l'Eurasie, dans un contexte de rivalité croissante avec Washington.
Poutine : « Certains Etats travaillent directement à saper l’autorité légitime dans les pays de la CEI »
«L’Eurasie n’échappe pas à l’instabilité globale, des menaces communes persistent», a déclaré Vladimir Poutine lors de son allocution adressée aux secrétaires des Conseils de sécurité des pays de la Communauté des États indépendants (CEI), qui se tenait ce 8 novembre à Moscou. La Russie prendra en 2024 la présidence tournante de cette organisation qui compte neuf anciennes républiques d’URSS.
Ces menaces «exigent non seulement une réaction collective, mais en outre un gros travail de prévention», a souligné Poutine.
Parmi ces menaces, le président russe a condamné «les actions de certains pays [visant] directement à déstabiliser les pouvoirs en place dans les pays de la CEI, la stabilité de la société, les valeurs traditionnelles, ainsi qu’à faire entrave à nos anciennes et étroites relations commerciales, culturelles et de coopération».
«L’Occident ne supporte pas de perdre de l’influence», selon Patrouchev
Participant à cette même réunion en tant que secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrouchev a estimé quant à lui que «les Anglo-saxons et l’Occident collectif perdaient leur influence». Il a ajouté que les pays occidentaux «ne l’acceptaient pas et cherchaient à maintenir leur domination», via l’OTAN.
Concernant l’espace de la CEI, Patrouchev a accusé l’Occident de tenter de créer des «leviers d’action sur les pays d’Asie centrale pour les séparer de la Russie, allant de pressions politiques jusqu’au chantage économique, notamment des menaces de nouvelles sanctions».
Revenant sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, il a considéré que la situation s’améliorerait lorsque cesseraient les ingérences de puissances extra-régionales, suscitant «une dégradation de la situation dans la région et la persistance des antagonismes». A l’inverse, le haut fonctionnaire s’est prononcé pour une intégration régionale plus forte.
La Russie va promouvoir une «intégration renforcée» de la CEI
En effet, depuis qu’il est au pouvoir et a fortiori depuis le début de l’intervention russe en Ukraine en 2022, Vladimir Poutine a considérablement développé la coopération avec les voisins eurasiatiques de la Russie, dans le cadre de relations bilatérales ou d’organisations régionales, comme la CEI, l’Organisation de coopération de Shanghaï, l’Union économique eurasiatique, ou encore l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
Le président russe se rendra d’ailleurs le 9 novembre au Kazakhstan. Dans une interview publiée dans la Kazakhstanskaïa Pravda, le président russe a estimé que le partenariat russo-kazakh était «dirigé vers l’avenir, éprouvé par le temps et [allait] en se développant». Il a également souligné ses relations «véritablement amicales et proches» avec le président Tokaïev. Le Kazakhstan s’est vu reprocher par l’Occident de favoriser des contournements de sanctions visant la Russie.
L’OTAN lorgne vers le Pacifique
En particulier, la Chine est devenue un partenaire privilégié de la Russie, comme le chef du Kremlin le rappelait encore ce matin alors qu’il recevait le vice-président de la Commission militaire centrale chinoise Zhang Youxia, estimant que l’interaction sino-russe constituait «un facteur important de stabilisation de la situation internationale». Aussi a-t-il dénoncé les «tentatives de la part de certains pays d’élargir leur zone d’influence», évoquant les tentatives de l’OTAN et de Washington de bâtir de nouvelles alliances militaires dans l’étranger proche de Pékin.
Le 18 octobre, le président russe s’était rendu à Pékin pour assister au forum des Nouvelles routes de la Soie à l’invitation de Xi Jinping. Un vaste projet commercial qui inquiète depuis une décennie Washington.
Poutine : l’alliance entre Moscou et Pékin est un «facteur de stabilisation de la situation internationale»