Selon les autorités de la région de Kherson, les forces ukrainiennes seraient responsables de la mort de quatre personnes, dont des journalistes, suite au bombardement d'un pont utilisé pour évacuer les civils. Kiev a contesté cette version.
Les autorités de la région de Kherson ont accusé le 21 octobre les forces de Kiev d’avoir tué quatre personnes en bombardant le pont Antonovski. Surplombant le fleuve Dniepr, celui-ci est utilisé pour les évacuations de civils récemment annoncées par Moscou.
Des journalistes directement ciblés ?
Selon le chef adjoint de l’administration de la région de Kherson, Kirill Stremoussov, qui s’est exprimé dans l’émission «Soloviov Live», l’armée ukrainienne aurait tiré «sur un point de passage de civils avec des obus à fragmentation», causant la mort de ces quatre personnes, tandis qu’une dizaine d’individus auraient été blessés dans cette frappe. «C’est plus que de la profanation», a dénoncé Kirill Stremoussov, précisant que le système de défense antiaérienne avait abattu 11 des 12 missiles Himars lancés par les forces de Kiev.
De plus, le vice-gouverneur de la région a évoqué la piste d’une «frappe ciblée contre des journalistes», précisant que huit employés de la chaîne VTV se trouvaient sur les lieux à ce moment-là. Parmi eux, un réalisateur aurait péri, tandis qu’un caméraman se trouverait dans un état grave à l’hôpital et que deux autres journalistes auraient été blessés. «Il ne s’agit pas d’un bombardement au hasard», a affirmé Kirill Stremoussov, y voyant la volonté d’«éliminer ceux qui couvrent aujourd’hui la situation dans la région de Kherson».
Cité par l’agence de presse russe RIA Novosti, le vice-président de la Commission pour les médias de la Chambre civique Alexandre Malkevitch a de son côté fait part de 10 journalistes blessés et un tué.
Par ailleurs, le Comité d’enquête de la Fédération de Russie a annoncé l’ouverture d’une investigation pénale suite à cette attaque. «Il a été établi qu’alors qu’un convoi de civils traversait le passage pour se rendre de Kherson vers a été l’autre côté du fleuve, les nationalistes ukrainiens ont délibérément lancé des frappes à l’aide de systèmes de lance-roquettes multiples américains Himars», a déclaré sa porte-parole Svetlana Petrenko. Accusant les forces ukrainiennes de bombarder «délibérément» la population civile, elle a confirmé les quatre décès et précisé que 13 blessés étaient recensés.
Kiev dément, les évacuations de civils se poursuivent
L’armée ukrainienne a rapidement nié avoir visé des civils. «Nous ne touchons pas les infrastructures essentielles, nous ne touchons pas les localités pacifiques et la population locale», a déclaré à la télévision ukrainienne la porte-parole du commandement Sud de l’armée, Natalia Goumeniouk.
Le 20 octobre, Kirill Stremousov avait affirmé que 15 000 personnes avaient franchi le fleuve pour se réfugier sur la rive gauche, dans le cadre des évacuations annoncées par le général russe Sergueï Sourovikine, qui avait évoqué le 18 octobre une situation «tendue» sur le terrain militaire. Selon le chef de l’administration de la région de Kherson Vladimir Saldo, entre 50 000 et 60 000 personnes doivent être évacuées vers la rive gauche du Dniepr.
Le 19 octobre, le président russe Vladimir Poutine a instauré la loi martiale dans les régions de Kherson, Lougansk, Donetsk et Zaporojié, mesure qui élargit les pouvoirs des gouverneurs de ces territoires. Le chef d’Etat russe a alors estimé que les «menaces qui pèsent sur les populations» des régions susmentionnées sont «sérieuses du fait de la proximité des combats».
L’annonce de Vladimir Poutine est survenue dans le contexte de la contre-offensive ukrainienne vers Kherson. Les rattachements à la Fédération de Russie de ces quatre territoires, considérés comme illégaux par Kiev et les Occidentaux notamment, font suite à l’organisation de référendums a – des scrutins dont les autorités ukrainiennes et leurs alliés contestent, également, la légalité.
Les autorités russes annoncent l’évacuation de milliers de civils à Kherson