Une évacuation massive du nord de Gaza serait «catastrophique», pour les patients des hôpitaux, les hôpitaux du sud étant déjà à pleine capacité, a estimé le 13 octobre l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Israël a appelé le 14 octobre les Palestiniens à «ne pas tarder» à évacuer le nord de la région.
Israël a appelé samedi 14 octobre les Palestiniens à «ne pas tarder» à évacuer le nord de la bande de Gaza, laissant présager d’une offensive terrestre, après une semaine de guerre, déclenchée par l’assaut d’une extrême violence du mouvement islamiste palestinien Hamas contre des localités du sud d’Israël.
«Une évacuation massive serait catastrophique pour les patients, le personnel de santé et les autres civils restés sur place ou pris dans le mouvement de masse», a estimé l’OMS dans un communiqué le 13 octobre.
Israël avait ordonné plus tôt dans la journée l’évacuation de «tous les civils» de la ville de Gaza dans les 24 heures «pour leur propre sécurité et protection». Une exigence rejetée par la Hamas, mais qui semble pousser déjà à des mouvements de population, selon des rapports de correspondants de l’AFP.
Surtout, les quatre hôpitaux du ministère de la Santé dans le sud de la bande de Gaza ont déjà atteint ou dépassé leur capacité, et ne disposent pas des capacités de soins intensifs et des fournitures nécessaires pour traiter les patients supplémentaires, a fait valoir l’OMS.
Inquiétude pour les milliers de blessés
«Parmi les milliers de patients blessés ou souffrant d’autres affections qui reçoivent des soins dans les hôpitaux, des centaines sont grièvement blessés et plus d’une centaine nécessitent des soins intensifs. Ce sont les plus malades des malades», a expliqué l’agence de l’Onu.
Tarik Jasarevic, un porte-parole de l’OMS, a souligné de son côté lors d’un point de presse de l’ONU qu’«avec les frappes aériennes (israéliennes, ndlr) en cours, les civils n’ont plus aucun endroit sûr où aller».
En outre, «le ministère palestinien de la Santé a informé l’OMS qu’il est impossible d’évacuer les patients vulnérables des hôpitaux du nord de Gaza», a-t-il précisé.
Ces patients sont aussi bien des personnes grièvement blessées que des adultes, enfants et nouveau-nés qui dépendent des soins intensifs.
L’Etat israélien continue de pilonner l’enclave palestinienne au septième jour de sa guerre contre le Hamas, déclenchée après une attaque sans précédent du mouvement islamiste en Israël qui a fait environ 1 200 morts, principalement des civils. A Gaza, les autorités palestiniennes ont recensé 1 900 morts.
L’ONU a demandé à Israël de reconsidérer sa demande d’évacuation, estimant qu’il était impossible de procéder à une telle évacuation dans le temps imparti.
Les hôpitaux de Gaza déjà saturés
Le porte-parole de l’OMS a indiqué que le système de santé de Gaza était «à un point de rupture». Six des sept principaux hôpitaux de Gaza ne fonctionnent que partiellement, selon l’OMS. «L’hôpital Beit Hanoun, au nord de Gaza, n’est plus fonctionnel en raison des frappes aériennes répétées à proximité, causant des dégâts à l’hôpital et aux routes environnantes», a souligné Jasarevic. Les deux principaux hôpitaux du nord de la bande de Gaza – l’hôpital Indonésien et l’hôpital al-Chifa – ont déjà dépassé leur capacité cumulée de 760 lits, a-t-il indiqué. Et 99% des lits de l’hôpital Shifa -un des principaux centres chirurgicaux du territoire – sont occupés, a-t-il ajouté.
Les hôpitaux du sud de Gaza sont saturés, a-t-il ajouté, et les établissements ne peuvent bénéficier que de quelques heures d’électricité par jour afin d’économiser le carburant.
Selon le porte-parole, «l’impact (d’une évacuation) serait dévastateur» notamment pour les blessés qui ont besoin d’être opérés, les patients en soins intensifs et les nouveau-nés dépendant des incubateurs. Il manque également du sang dans les banques du sang de la bande de Gaza.
Le porte-parole a souligné que l’OMS était prête à acheminer des fournitures médicales «dès que nous recevrons le feu vert». Israël a décrété un blocus total de la bande de Gaza coupant l’électricité et l’eau.
«Le temps presse pour éviter une catastrophe humanitaire si le carburant, l’eau, la nourriture et les fournitures sanitaires et humanitaires vitales ne peuvent être acheminés d’urgence dans la bande de Gaza en raison du blocus total», a prévenu Tarik Jasarevic.
Rafah, le point de passage de Gaza à la frontière sud avec l’Egypte, «n’est pas opérationnel», a indiqué un porte-parole de l’agence humanitaire de l’ONU, Jens Laerke, lors du briefing.
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