Après l'Etat américain de l'Oregon en 2020, la province canadienne de Colombie-Britannique a franchi le pas : à compter du 31 janvier 2023, les adultes pourront avoir sur eux jusqu'à 2,5 grammes de drogues dures pour leur usage personnel.
Le Canada a annoncé ce 1er juin la dépénalisation de la possession de petites quantités de drogues dites «dures» dans une province de l’Ouest très touchée par la crise des opiacés, qui a tué des milliers de Canadiens. A sa demande, la Colombie-Britannique est la première province canadienne à connaître cette exception qui concernera l’héroïne, la cocaïne, les opiacés et autres drogues dures.
«Nous faisons ça pour sauver des vies mais aussi pour que les personnes qui prennent de la drogue retrouvent leur dignité et leur droit de choisir», a expliqué Carolyn Bennett, ministre fédéral de la Santé mentale et des dépendances, ajoutant que ce projet pourrait être appliqué dans d’autres provinces.
Today, after careful consideration, taking into account both the Public Health and Public Safety impacts, I have granted B.C’s request for an exemption under the CDSA for personal possession of small amounts of some illicit drugs. pic.twitter.com/LEALGsWrm2
— Carolyn Bennett (@Carolyn_Bennett) May 31, 2022
Selon la ministre, «pendant trop d’années, l’opposition idéologique» visant à considérer la possession de drogues comme un problème sanitaire a «coûté des vies». A compter du 31 janvier 2023 et pour une période de trois ans, les adultes pourront avoir sur eux jusqu’à 2,5 grammes de drogues pour leur usage personnel. Ils recevront des informations sur l’accès à une aide médicale pour les addictions.
Jusqu’ici, les cas les plus graves de possession de drogues dures prévoyaient des amendes et peines d’emprisonnement.
Montréal et Toronto pourraient emboîter le pas
«Je veux être très claire, ce n’est pas la légalisation. Nous n’avons pas pris cette décision à la légère», a ajouté Carolyn Bennett lors d’un point presse.
En 2021, la province a recensé plus de 2 200 décès liés aux opiacés, soit six personnes par jour. Au total, de janvier 2016 à septembre 2021, le Canada a recensé près de 27 000 décès et plus de 29 000 hospitalisations pour des overdoses liées aux opiacés, selon des chiffres du gouvernement.
Ces chiffres ont montré une «augmentation inquiétante des surdoses et des décès liés aux opioïdes depuis le début de la pandémie de Covid-19», d’après cette même source. A certains moments comme durant la première vague de la pandémie en mai 2020, le nombre de décès liés aux overdoses en Colombie-Britannique était supérieur au nombre de morts du coronavirus, ce qui a plongé la province dans une double crise sanitaire.
«Aujourd’hui est un jour mémorable», a réagi Kennedy Stewart, maire de Vancouver, la capitale britanno-colombienne à l’épicentre de la crise. Ce dernier a qualifié l’entente entre la province et le gouvernement canadien comme étant «une étape historique, courageuse et révolutionnaire» dans cette lutte de santé publique.
Today is a momentous day.
The agreement between the Governments of Canada and BC to #decriminalize possession of drugs is an historic, brave, and groundbreaking step in the fight to save lives from the poison drug crisis.
I could not be more proud.#cdnpoli#vanpolipic.twitter.com/Z290uuo8Uy
— Kennedy Stewart (@kennedystewart) May 31, 2022
Sa province est la deuxième juridiction en Amérique du Nord à dépénaliser la possession de drogues dures pour usage personnel après l’Oregon, Etat américain très progressiste du nord-ouest, en novembre 2020.
D’autres métropoles canadiennes comme Montréal et Toronto ont elles aussi fait savoir qu’elles envisageaient de demander une exemption légale pour la possession de petites quantités de drogues dures.
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