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Face aux nombreuses critiques, l’Emir du Qatar dénonce un «acharnement» à la veille du Mondial

L'Emir du Qatar fustige une campagne de «calomnies» contre son pays à l'approche du Mondial de football. Outre le scandale des travailleurs étrangers décédés sur les chantiers, Doha est accusé de ne pas respecter les droits LGBT et des femmes.

A moins d’un mois de la compétition, l’émir du Qatar a fustigé le 25 octobre une campagne «sans précédent» contre l’organisation de la Coupe du monde de football par le riche Etat du Golfe, dénonçant des «calomnies» rapporte la chaîne qatarie Al Jazeera.

Selon le cabinet Deloitte, le petit émirat gazier aurait dépensé pas moins de 156 milliards de dollars pour accueillir le tournoi du 20 novembre au 18 décembre. Mais Doha est régulièrement mis en cause sur le non-respect des droits humains et les problèmes de logistique pour l’accueil des supporters. 

Fait rare, l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a exprimé publiquement et sans ambages son mécontentement face aux critiques. 

«Depuis que nous avons eu l’honneur d’accueillir la Coupe du monde, le Qatar a été la cible d’une campagne sans précédent, qu’aucun autre pays hôte n’a subi», a-t-il déclaré lors d’un discours devant le conseil législatif à Doha.

Consommation d'alcool, sexualité... avant le Mondial, le Qatar fait face aux critiques


Consommation d’alcool, sexualité… avant le Mondial, le Qatar fait face aux critiques

Depuis que la Fifa a attribué le Mondial au Qatar en 2010, le premier pays arabe à organiser l’évènement est constamment critiqué en Occident pour l’obtention de la compétition, avec des accusations à l’encontre de Michel Platini, pour le traitement des travailleurs étrangers, les droits des LGBT, ou encore l’utilisation plus que controversée de la climatisation dans ses huit stades, qui a coûté 6,75 milliards de dollars.

Le gouvernement a par ailleurs fermement nié un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) accusant la police qatarie d’avoir détenu arbitrairement et maltraité des membres de la communauté LGBT. 

«Au départ, nous avons traité ce sujet en toute bonne foi, et nous avons même considéré que certaines critiques étaient positives et utiles, nous aidant à développer des aspects qui devaient l’être», a concédé l’émir. 

«Mais il nous a vite semblé clair que la campagne persiste, s’étend, qu’il y a des calomnies et du deux poids deux mesures, atteignant un niveau d’acharnement qui a amené beaucoup de gens à s’interroger, malheureusement, sur les véritables raisons et motivations de cette campagne», a-t-il fustigé.

Pour le petit émirat d’un peu moins de trois millions d’habitants, qui attend plus d’un million de supporters étrangers pour le Mondial, cet événement est l’occasion de montrer «qui nous sommes, non seulement la force de notre économie et de nos institutions, mais aussi notre identité», a estimé son dirigeant. 

«C’est un grand test pour un pays de la taille du Qatar qui impressionne le monde entier par ce qu’il a déjà accompli», s’est-il félicité. 

L’homosexualité est illégale dans ce pays très conservateur et les femmes font face à de nombreuses restrictions. Quant aux supporters, beaucoup se plaignent des prix élevés des hébergements au Qatar ou encore de l’accès restreint dans les seules fan zones aux boissons alcoolisées. D’ailleurs, le prix d’une pinte de bière pourrait avoisiner les 17 euros. 

Sarkozy, défenseur du Qatar

Mais l’Etat du Golfe, l’un des principaux exportateurs de gaz au monde, est surtout critiqué pour les constructions à marche forcée menées par des dizaines de milliers de travailleurs immigrés d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient dans des conditions harassantes, par des températures suffocantes et pour des salaires très bas, documentés par des syndicats et des ONG. En effet, depuis l’enquête de The Guardian de février 2021 qui avance le chiffre de 6500 travailleurs étrangers morts, le Qatar est dans le viseur de plusieurs ONG.

Des organisations de défense des droits humains comme HRW et Amnesty International ont appelé le Qatar et la Fifa à créer un fonds d’indemnisation pour les ouvriers victimes des chantiers du Mondial, et à le doter de 440 millions de dollars, soit l’équivalent des dotations sportives promises aux 32 sélections alignées.

Le Qatar affirme toutefois avoir mené de nombreuses réformes ces dernières années. Doha a ainsi mis en place en mars 2021 un salaire minimum de 1000 riyals par mois, soit 240 euros, plus 300 riyals d’indemnités pour la nourriture et 500 pour le logement. De surcroît, le Qatar aurait aboli la Kafala, un système de parrainage quasi esclavagiste, qui obligeait les travailleurs à remettre leur passeport aux autorités en entrant dans le pays et à avoir l’autorisation de leur patron pour quitter le territoire ou changer d’emploi.

Des efforts restent cependant à faire au niveau de leur mise en application, a estimé le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, Luca Visentini, lors d’une visite à Doha.

«La Coupe du monde a sans aucun doute été une opportunité pour accélérer le changement», a-t-il déclaré à l’AFP. «Ces réformes peuvent être un bon exemple pour d’autres pays accueillant de grands événements sportifs», a-t-il encore dit.

Le dirigeant de la Fifa, Gianni Infantino, a plaidé en faveur du Qatar, en déclarant que la Coupe du monde serait «la meilleure de tous les temps, sur le terrain et en dehors». Proche de Doha, l’ancien président français Nicolas Sarkozy a également défendu l’organisation du Mondial. «Le football n’appartient pas qu’aux Occidentaux» a-t-il déclaré le 23 octobre.




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