Licenciés après la liquidation judiciaire de l'entreprise de prêt-à-porter, d'anciens employés se sont rassemblés devant le siège de Roubaix, forçant les grillages. Ils entendent «réclamer des comptes» aux actionnaires, devant la justice.
Les anciens salariés de Camaïeu, dont la liquidation judiciaire a été prononcée par le tribunal de Lille le 28 septembre, n’entendent pas en rester là. Une trentaine d’anciens employés de l’enseigne de prêt-à-porter ont ainsi fait irruption le 4 octobre au siège de la société à Roubaix, à l’issue d’une assemblée générale tenue à l’extérieur à l’appel de la CGT, a constaté une journaliste de l’AFP.
Comme l’indique l’AFP, les protestataires, parmi lesquels figuraient le délégué CGT Thierry Siwik, ont arraché un grillage pour pénétrer sur le parking du siège aux cris de «Camaïeu est à nous !». Ils ont ensuite gagné le hall, sans intervention des vigiles selon l’AFP, avant d’occuper les lieux, affirmant vouloir y rester dans l’immédiat.
Plusieurs ex-salariés de Camaïeu viennent de forcer le grillage du siège de l’entreprise à Roubaix @BFMTVpic.twitter.com/ifVpentyC2
— Boris Kharlamoff (@BorisKharlamoff) October 4, 2022
«Je comprends leur colère. C’est hyper triste. La société ne méritait pas de disparaître», a réagi la directrice générale de Camaïeu, Sandrine Lilienfeld, présente sur place. «Cela fait partie du rapport de force, sinon on ne sera pas entendu», a expliqué à l’AFP Thierry Siwik, dont le syndicat n’est pas majoritaire. «On veut montrer que l’entreprise nous appartient, qu’on n’est pas responsable de cette situation, que c’est l’actionnaire qui est responsable», a-t-il ajouté, soulignant qu’il n’y aurait «pas de casse».
Une cinquantaine de salariés, certains revêtus de gilets CGT, s’étaient auparavant rassemblés à l’extérieur pour écouter l’avocat de la CGT, Maître Fiodor Rilov, qui leur a proposé d’entamer une procédure contre la direction accusée de mauvaise gestion.
Plusieurs ex salariés #Camaieu réunis devant le siège social à Roubaix. Après la fermeture, une action en justice va être lancée pour « réclamer des comptes » aux actionnaires. « On n’a plus rien à perdre. Ils doivent assumer leurs erreurs » dit une employée. @RTLFrance pic.twitter.com/3bEXzRGH5z
— Antson Franck (@FAntson) October 4, 2022
Interrogé sur RMC, Thierry Siwik a ainsi incriminé des «stocks insuffisants» dans les magasins, tandis que Fiodor Rilov n’a pas exclu des décisions «illégales» et «irrégulières» de la direction. Si elles venaient à être prouvées, il a promis de lancer «des actions contre les responsables» de la faillite de l’enseigne.
La liquidation de Camaïeu entraîne la fermeture de 514 magasins en France et la suppression de 2 600 emplois, dont près de 500 à Roubaix, ancienne place-forte du textile français dans laquelle près de 31% de la population active se déclaraient au chômage en 2019. Déjà mise en redressement judiciaire en 2020 avant d’être reprise par l’homme d’affaires Michel Ohayon, l’entreprise n’a pas survécu à la crise sanitaire et à la concurrence de la vente en ligne.
Selon Les Echos, qui rappelle que l’entreprise a été victime d’une cyberattaque lui ayant fait perdre 40 millions d’euros en 2021, l’entreprise n’a pas su adapter son offre aux attentes du marché tandis que la gestion de Michel Ohayon «interroge». Camaïeu fait partie des sociétés identifiées par Bruno Le Maire en août 2020 comme susceptibles de faire faillite à relativement court terme, le ministre de l’Economie ayant alors promis de «faire le maximum pour sauver tout le monde».
L’épidémie de Covid-19 et le confinement déshabillent les enseignes de prêt-à-porter