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Fonds Marianne : Marlène Schiappa auditionnée et fragilisée

Auditionnée au Sénat ce 14 juin, la secrétaire d’État Marlène Schiappa a dû répondre à des soupçons de malversations dans le cadre du fonds Marianne. Son attitude pour le moins désinvolte n'a guère plu à la commission.

«J’ai le sentiment que, tout au long de cette audition, vous vous êtes mise en quelque sorte en porte-à-faux par rapport au projet du fonds Marianne.» Le rapporteur LR de la commission d’enquête sénatoriale sur le fonds Marianne, Jean-François Husson, a conclu les quelque trois heures d’audition de la ministre Marlène Schiappa, le 14 juin, par ces propos lapidaires.

Panneau du square Samuel Paty à Paris (image d'illustration).

La famille de Samuel Paty «heurtée» par les révélations sur le fonds contre le séparatisme

Créé en 2021 après l’assassinat de Samuel Paty, ce fonds permettait d’allouer 2,5 millions d’euros issus du Fond interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) à des initiatives s’attaquant au phénomènes de la radicalisation islamiste. Or, des sommes auraient été réparties indûment à des associations, selon une enquête des rédactions de France 2 et Marianne, provoquant un scandale et l’émoi de la famille de Samuel Paty. Les soupçons de détournements de fonds se sont multipliés, éclaboussant l’exécutif.

Marlène Schiappa tente de prendre ses distances

Tout au long de l’audition, Marlène Schiappa s’est distancée de la gestion du fonds Marianne, se défaussant régulièrement sur son administration. Assurant vouloir assumer sa «responsabilité» dans la gestion controversée de ce fonds, puis concédant «des dysfonctionnements dans l’organisation et dans la gestion de ce fonds», la ministre s’est finalement empressée de minimiser sa culpabilité : «Je ne crois pas qu’on puisse imputer à (…) un responsable politique, la malversation interne d’une structure à laquelle il fait confiance», a-t-elle dit.

Une posture qui lui sera reprochée par le sénateur Jean-François Husson, à la fin de l’échange de plus de trois heures : «Au moment de la création du fonds, vous le validez, puis vous vous tenez à nouveau à distance. Vous ne vous [y] intéressez pas.»

Guère convaincus, les sénateurs ont tenté d’interroger Marlène Schiappa sur les 355 000 euros versés à l’Union fédérative des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM). Le 6 juin, l’Inspection générale de l’administration (IGA) avait en effet publié un rapport concernant les attributions du fonds Marianne, où était dénoncé un «traitement privilégié» de cette association. Chargée par le préfet Christian Gravel (à la tête du fonds et ayant proposé sa démission le 6 juin) de réaliser une campagne multimédia contenant «un message positif de “ré-enchantement” des valeurs de la République», l’association n’a produit presque aucun contenu.

La ministre avouera ne pas connaître le montant de l’aide, assurant que c’est le «comité de sélection» qui avait fait son choix en la matière.

L’ombre de Mohamed Sifaoui

Marlène Schiappa a également du se justifier sur ses liens avec le journaliste spécialiste de l’islamisme Mohamed Sifaoui, administrateur de l’USEPPM, dont le domicile a été perquisitionné le 13 juin, et suspecté d’avoir empoché plusieurs dizaines de milliers d’euros sur l’aide versée à l’association. 

Visiblement agacée par la présence de Mohamed Sifaoui dans ce dossier, la ministre avait rappelé en début d’audition que ce dernier n’était pas son «ami» et qu’elle n’avait pas demandé que Mohamed Sifaoui «soit priorisé ou au-dessus de la pile». 

Les trois heures d’audition ont en définitive révélé bien des failles dans la défense de la ministre, et la commission s’est agacée du désintérêt apparent de Marlène Schiappa. Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, la ministre risque bien de mettre en difficulté le chef du gouvernement Elisabeth Borne, qui avait affirmé le 11 juin qu’il n’était pas nécessaire de se séparer d’elle. 

Soupçons de favoritisme : le préfet responsable du Fonds Marianne démissionne

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