Dans un entretien publié ce 18 janvier, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a reconnu l’échec de la contre-offensive ukrainienne. Il a par ailleurs évoqué la livraison de matériel militaire, ainsi que la production de 78 canons Caesar pour Kiev.
«La contre-offensive de Kiev n’a pas eu les effets escomptés.» Sept mois après le lancement par le commandement ukrainien d’opérations militaires de grande ampleur, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a reconnu dans les colonnes du Parisien que celles-ci constituaient un échec.
Un constat qui semble ne pas entamer l’entrain du ministre qui a réaffirmé son soutien à l’Ukraine. «Il faut être endurant dans notre aide militaire à Kiev», a-t-il ainsi déclaré au quotidien. Des propos qui font écho à ceux prononcés, cinq jours plus tôt, par son homologue des Affaires étrangères Stéphane Séjourné qui s’était rendu à Kiev. «L’aide de la France s’inscrit dans la durée», avait affirmé le nouveau patron du Quai d’Orsay.
Cette ligne est également celle fixée et réitérée par le président Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier. «Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner», avait-il déclaré, lors de ce rendez-vous médiatique. «Laisser la Russie gagner, c’est au fond accepter que les règles de l’ordre international, tel que nous les avons définies, peuvent ne plus être respectées», avait-il justifié.
Décrivant le conflit en Ukraine comme étant «en train de se geler», Sébastien Lecornu s’est montré optimiste sur l’état du pays «Le système politique et moral en Ukraine ne s’essouffle pas», a-t-il assuré.
Lecornu lance la coalition «artillerie pour l’Ukraine»
Dans l’entretien accordé au Parisien, le ministre a précisé l’annonce faite le 16 janvier par Emmanuel Macron de l’envoi de 40 nouveaux missiles air-sol Scalp à longue portée et plusieurs centaines de bombes. Sébastien Lecornu a affirmé que la livraison se ferait «dès ce premier semestre 2024».
Il a par ailleurs lancé la coalition «Artillerie pour l’Ukraine avec son homologue ukrainien Roustem Oumerov, a annoncé ce 18 janvier le ministère des Armées. Une initiative qui vise à «renforcer le soutien militaire à Kiev, à la fois sur le court et le long terme», pour tenter de combler le retard des forces ukrainiennes en la matière.
En effet, le ministre a concédé que la France avait livré seulement 1 000 obus de 155 mm par mois jusqu’en avril 2023 puis 2 000 depuis le printemps dernier, et envisageait une fréquence de 3 000 à partir de la fin du mois de janvier. Il a également reconnu un problème de délais sur la fourniture à Kiev de missiles Aster 15 et 30, qui équipent les systèmes anti-aériens SAMP-T en Ukraine. «MBDA met aujourd’hui trop de temps à produire ces missiles. Je leur ai demandé de diviser par deux les délais», a assuré Sébastien Lecornu.
«La logique de cession de matériel prélevés sur les stocks des armées touche à sa fin», a-t-il également expliqué, précisant qu’il s’agissait désormais de «connecter directement les industriels de défense français à l’armée ukrainienne».
«L’économie de guerre est une opportunité»
Le ministre s’est par ailleurs félicité de la progression de l’industrie d’armement française, sous l’impulsion du conflit ukrainien. «Il fallait 30 mois à Nexter pour produire un canon Caesar, il n’en faut désormais plus que 15», a-t-il ainsi affirmé, 78 de ces canons automoteurs devant être produits par la société franco-allemande KNDS/Nexter à destination de l’Ukraine.
Il fallait 30 mois à @NexterKNDS pour produire un Caesar : il n’en faut désormais plus que 15 !
Les salariés se sont fortement mobilisés. Et l’entreprise a su constituer des stocks.
C’est bénéfique pour nos emplois et le rayonnement de notre savoir-faire français.
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) January 18, 2024
Des canons qui seraient financés par la fameuse «initiative dans l’artillerie», qui doit inciter «les Européens et nos alliés à partager la facture». L’Ukraine serait prête «à mettre un peu de ses moyens», souligne le ministre, selon lequel Kiev viendrait «d’acheter» six canons Caesar à Paris «sur fonds propres». Des ventes, et des perspectives de vente, qui font dire au ministre des Armées que «c’est bénéfique pour nos emplois et le rayonnement de notre savoir-faire français».
Un bénéfice sur lequel le ministre entend capitaliser puisqu’il a par ailleurs annoncé vouloir relocaliser la production de poudre en France. Celle-ci pourrait arriver à Bergerac, en Dordogne.
«L’économie de guerre est une opportunité pour nos armées, mais aussi pour nos industriels», a également réaffirmé Sébastien Lecornu. «Ces derniers ont tout intérêt à cette mise en tension car la capacité à livrer rapidement les équipements deviendra un des critères du succès à l’exportation», a-t-il développé.
Interrogé sur les élections européennes de juin prochain, Sébastien Lecornu s’est montré inquiet de la volonté de La France insoumise et du Rassemblement national de demander la sortie de la France de l’OTAN, faisant de la guerre en Ukraine un des enjeux pour ce scrutin. Il y a quelques jours, le président français Emmanuel Macron a fait savoir qu’il se rendrait en Ukraine en février.
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