La majorité présidentielle est divisée sur la marche à suivre concernant le conflit israélo-palestinien. Dans un entretien publié le 2 novembre dans le Figaro, un député Renaissance a fustigé une ligne «ultra Israël» d’une partie des élus macronistes.
«Il existe une tonalité “ultra Israël” qui ne correspond pas à la ligne du président de la République ni à la ligne historique de la diplomatie française.» Dans un entretien au Figaro publié le 2 novembre, le député Renaissance Charles Sitzenstuhl a pris ses distances avec plusieurs membres de son propre parti.
« Il est illusoire pour Israël de penser qu’un carnage à Gaza lui apportera quelque sécurité sur le long terme. »
Mon interview au @Le_Figaro ➡️ https://t.co/lvmw2kNQkSpic.twitter.com/lb88rCRS8l
— Charles Sitzenstuhl (@CSitzenstuhl) November 3, 2023
Des députés du parti présidentiel qui, selon lui, se montrent bien trop partisans de la ligne tenue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans le conflit qui déchire le Proche-Orient depuis le 7 octobre.
«Soutien à Israël, oui, inconditionnel, non»
«Israël a le droit d’exister, de vivre en sécurité et de riposter», insiste le jeune député, «mais il doit également respecter le droit international» poursuit-il, s’inquiétant de la «fuite en avant militariste» de l’Etat hébreu. Cette dernière constitue à ses yeux une «impasse». «Il est illusoire pour Israël de penser qu’un carnage à Gaza lui apportera quelque sécurité sur le long terme», développe-t-il.
Prônant une ligne qui «doit rester l’équilibre et le sang-froid», il appelle à «garder le canal de communication avec le maximum de dirigeants arabes» et prône la solution à deux Etats. «L’horizon des Israéliens et des Palestiniens ne peut être la violence perpétuelle», insiste-t-il.
«Attention à ne pas nous acoquiner avec les influenceurs de M. Netanyahou», met en garde Charles Sitzenstuhl, qui soutient que la majorité Renaissance ne doit «pas être la béquille de son gouvernement d’extrême droite».
Témoignage poignant d'un enseignant gazaoui, transmis par le responsable d'une association organisant des échanges entre lycées français et palestinien. Stop au siège de #Gaza.
Arrêt des bombardements des civils. @UNRWA@amnestyfrance@MdM_France@ccfd_tsolidaire@AFPSOfficielpic.twitter.com/qI6tuOb9hw— Mireille Clapot (@CLAPOTMireille) October 22, 2023
Le député du Bas-Rhin n’est pas le seul à s’inquiéter du risque d’un soutien inconditionnel à l’Etat hébreux. Le 29 octobre, 61 députés de la majorité avaient publié une tribune dans L’Opinion pour appeler à la «protection immédiate et inconditionnelle des populations civiles». Certains députés ont par ailleurs personnellement demandé la fin des bombardements, à l’image de Mireille Clapot.
Une position à contre-courant des têtes du parti
Une initiative qui, selon Le Figaro, aurait agacé le président du groupe Renaissance à l’Assemblée Sylvain Maillard, réputé sensible à la cause israélienne. Président du groupe d’études sur l’antisémitisme et vice-président du groupe d’amitié France-Israël lors de la précédente législature, le député de Paris s’en serait ainsi pris à «ceux qui pratiquent le “deux poids, deux mesures”» et qui peuvent «laisser penser qu’il existe plusieurs lignes parmi nous». Sylvain Maillard est notamment à l’origine d’une proposition de résolution controversée visant à pénaliser l’antisionisme en 2019.
Celle qui l’épaule à l’assemblée, la secrétaire générale du groupe Renaissance Deborah Abisror-de Lieme, a été candidate aux législatives dans la circonscription des Français établis hors de France comprenant Israël en 2022 et lors de l’élection partielle de 2023. Elle n’a toutefois pu déboulonner Meyer Habib. Sur les réseaux sociaux, celle-ci s’exprime presque exclusivement sur le conflit israélo-palestinien.
Autre personnalité issue des rangs macronistes à s’être fait remarquer depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas : Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale. Cette dernière avait défrayé la chronique en apportant son «soutien inconditionnel» à l’Etat d’Israël. Une formulation à laquelle aurait d’ailleurs voulu répondre les députés Renaissance signataires de la tribune parue dans L’Opinion, selon Le Figaro, illustrant les divergences qui peuvent exister sur ce sujet au sein du camp présidentiel.
France : des sénateurs réclament la pénalisation de l’antisionisme