La présidente de la Commission européenne doit se rendre le 7 octobre à Bordeaux pour assister à une réunion du parti Renaissance. Une visite que la communauté arménienne critique, Ursula von der Leyen ayant signé un contrat gazier avec Bakou en 2022.
L’intervention prévue le 7 octobre de la présidente de la Commission européenne devant le parti d’Emmanuel Macron est une «grave faute», ont dénoncé le 4 octobre les Arméniens de France, pour qui Ursula von der Leyen a une «complicité active» dans les événements en cours au Haut-Karabagh.
Ursula von der Leyen devrait s’exprimer pendant environ une demi-heure lors d’une séance plénière consacrée à l’Europe, à huit mois des élections européennes.
Le CCAF dénonce la responsabilité de von der Leyen
Dans un communiqué, le Conseil national des Conseils de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) «dénonce avec la plus grande fermeté» cette invitation, la présidente de la Commission portant «une lourde part de responsabilité dans l’entreprise de «nettoyage ethnique réalisée contre les Arméniens du Haut-Karabagh». Une accusation de nettoyage ethnique que Bakou récuse fermement, assurant aux habitants de l’enclave qu’ils sont libres de partir ou de rester.
Le 18 juillet 2022, alors que l’UE cherchait à diversifier ses approvisionnements en hydrocarbures en remplacement du gaz et du pétrole russes, Ursula von der Leyen avait signé à Bakou un «nouveau protocole sur un partenariat stratégique» énergétique avec l’Azerbaïdjan. «L’Union européenne se tourne vers des fournisseurs d’énergie plus fiables», avait-elle alors déclaré, avant d’ajouter que Bakou serait «un partenaire essentiel pour notre sécurité d’approvisionnement et sur la voie de la neutralité climatique».
L’accord gazier a «non seulement fourni à l’Azerbaïdjan les moyens financiers de son effort de guerre contre les Arméniens, mais a également servi de caution politique et morale à ses agissements criminels», pointe le CCAF.
Ursula von der Leyen «a eu une complicité active dans le drame qui est en train de se nouer et qui a poussé 110 000 Arméniens à quitter leur foyer, leur patrie» du Haut-Karabagh, s’indigne Ara Toranian, co-président du CCAF, interrogé par l’AFP. Le parti Renaissance a commis une «grave faute» en l’invitant, juge-t-il.
Paris va envoyer des armes à Erevan
La présidente de la Commission évoquera devant Renaissance «les sujets sur lesquels on travaille ensemble» au niveau européen, a indiqué à l’AFP le porte-parole du parti macronien Loïc Signor, soulignant les «désaccords profonds» entre Ursula von der Leyen et Renaissance sur l’Arménie, dont cette formation «ne peut pas être comptable».
Sa venue «est l’occasion de parler du sujet» de l’Arménie, sur lequel l’UE s’active pour l’instant a minima, et la France «est le seul pays d’Europe qui s’exprime», a de son côté observé le député de la majorité Guillaume Kasbarian.
Alors qu’Erevan craint une invasion de son territoire par Bakou, après les déclarations d’Ilham Aliev en 2018 – «Erevan est notre terre historique» –, Paris a annoncé le 2 octobre avoir validé la livraison future de matériel militaire à l’Arménie.
D’ailleurs, le président azerbaïdjanais, qui devait se rendre à Grenade en Espagne pour une réunion avec Nikol Pachinian et le Conseil européen, a finalement annulé son déplacement. Bakou pointe du doigt notamment la position française et les critiques européennes.
Paris a en outre débloqué 12 millions d’euros pour Erevan au titre de l’aide humanitaire, contre à peine 5 millions pour Bruxelles. «Le boycott ou le retrait d’invitation n’est pas la meilleure façon de parvenir à l’objectif» d’un soutien européen plus fort à l’Arménie, a encore ajouté Guillaume Kasbarian.
En raison des positions européennes hostiles à l’Azerbaïdjan, Aliev refuse de se rendre en Espagne