L'ex-chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a été doublement inculpé ce 6 octobre dans le cadre d'une enquête sur des manœuvres frauduleuses visant à le disculper de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
L’ex-chef de l’Etat français (2007-2012) Nicolas Sarkozy a été inculpé ce 6 octobre pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée, a indiqué à l’AFP une source judiciaire. Cette décision ouvre la voie à un possible nouveau procès pour cette figure majeure de la droite française.
Elle a été prise au terme d’une trentaine d’heures d’interrogatoire au total sur trois jours et demi, mené par deux magistrats financiers chargés de cette information judiciaire ouverte en mai 2021 sur cette opération, appelée «Sauver Sarkozy» par l’un des mis en cause.
Par cette mise en examen, les juges signifient qu’ils estiment disposer de suffisamment d’indices graves ou concordants quant à sa participation aux manœuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés et moments divers, possiblement en leur donnant son aval.
La première étape de l’opération aurait consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, fin 2020, en échange d’une possible rémunération.
Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d’obtenir une preuve que le retentissant document libyen publié dans l’entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par le site Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d’euros était un faux.
Des soupçons de tentative de corruption sur des magistrats libanais
D’après la source judiciaire, Nicolas Sarkozy a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté pour l’infraction de participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction de corruption active de personnel judiciaire étranger au Liban.
Certains protagonistes de cette opération sont en effet soupçonnés d’avoir tenté de corrompre des magistrats libanais pour qu’ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy. Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608 000 euros auraient pu être utilisés pour l’ensemble de l’opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.
Entendu en juin par des enquêteurs spécialisés dans les affaires financières, l’ex-président a certes dit avoir été informé par une des mises en cause – Michèle «Mimi» Marchand, figure de la presse people en France – en octobre 2020, soit un mois avant que l’information ne soit publique, d’un souhait de Ziad Takieddine de changer de version. «L’idée même que je puisse pousser directement ou indirectement au financement des pieds nickelés est une idée folle», a assuré Nicolas Sarkozy, selon ses auditions dévoilées par le quotidien français Libération.
«Aucun élément concret matériel, de téléphonie, ne peut m’incriminer dans cette folie, ni de près, ni de loin», a encore déclaré l’ancien chef de l’Etat.
Longuement interrogé sur son agenda et sa téléphonie de la fin 2020 et du début 2021, qui suggèrent des rendez-vous ou conversations à des moments clés avec des protagonistes du dossier, Nicolas Sarkozy a évoqué quelques «coïncidences», mais nié tout contact significatif.
Pour lui, «toute cette petite bande n’a que pour seule préoccupation de se faire mousser les uns par rapport aux autres» en prétendant être en contact avec lui.
Cette décision des magistrats vient alourdir l’agenda judiciaire déjà chargé de l’ancien président français. Outre le procès du financement libyen de sa campagne de 2007, prévu début 2025, il sera jugé en novembre prochain en appel pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.
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