Cyril Gaucher, élu municipal des Républicains dans la ville de Talant (Bourgogne), a été suspendu de son mandat et risque l'exclusion de sa formation politique après s'être rendu en Russie au titre d'expert pour l'élection présidentielle. Il dénonce une «chasse à l'homme».
«Ma venue en Russie n’était pas un secret», fait valoir Cyril Gaucher, indiquant que «nombre de personnes étaient au courant» et dénonçant la «chasse à l’homme» dont il est la victime.
L’élu réagissait sur RT en français à la suspension du mandat dont il est la cible. Le maire de Talant, Fabian Ruinet, a en effet décidé le 18 mars «de suspendre à titre conservatoire» Cyril Gaucher, conseiller à l’aménagement du territoire, après avoir appris «par voie de presse» sa présence, ce week-end en Russie, à l’élection présidentielle remportée par Vladimir Poutine, en tant qu’expert.
Cyril Gaucher était présent dans les bureaux de vote moscovites pendant les trois jours de l’élection présidentielle russe, invité à l’initiative de la Chambre civique de la Fédération de Russie, institution chargée de l’observation et de la sécurité, parmi 700 autres experts internationaux.
Des accusations sans lien avec le «fond de l’affaire»
Cette élection «est marquée par l’absence de véritables représentants de l’opposition, par la guerre en Ukraine ou plus récemment par la mort de l’opposant Alexeï Navalny», s’est inquiété le maire. « Face à ce contexte particulièrement dégradé, la sincérité du scrutin ne pourrait être validée par un élu de la République française», a ajouté le maire dans un communiqué. «Cette initiative personnelle ne représente en rien les valeurs portées par la majorité municipale», a-t-il encore précisé. Des accusations reprises en boucle par les médias français.
Cyril Gaucher regrette que ses accusateurs ne se soient pas intéressés «au fond de l’affaire». «Encore une fois, il s’agit d’une mission technique où nous constatons des processus de vote», souligne-t-il.
«Condamnation d’une seule voix d’un seul homme»
Cyril Gaucher a dénoncé une «chasse à l’homme», et la «condamnation d’une seule voix d’un seul homme», se rassurant néanmoins de voir des soutiens sur les réseaux sociaux. «Le problème est que la nouvelle génération politique en France est en train, au fil du temps, de s’habituer à renoncer à nos premiers idéaux, à la véritable liberté d’expression», a-t-il aussi regretté.
La fédération départementale du parti Les Républicains a suivi la cabale, demandant à la direction nationale l’exclusion de Cyril Gaucher. «Il cautionne le processus électoral en Russie, ce qui est hallucinant», a justifié son président François-Xavier Dugourd, dénonçant une position «complètement opposée» à celle du parti.
Une mission «technique», souligne Gaucher
Cyril Gaucher avait décrit sur RT, au micro d’Antoine Cléreaux, un scrutin à l’«atmosphère apaisée», «des gens qui plaisantent» et sans «différences visibles» avec les élections françaises. Il s’était de surcroît intéressé aux spécificités russes, relevant que l’objectif de la Fédération de Russie était d’atteindre une participation maximale, en garantissant une diversité des modes de vote, dont le vote électronique à distance. Il n’avait pas émis de jugement politique.
«Une personne a tenté d’incendier un bureau de vote», avait-il remarqué par ailleurs, relativisant ces «trois ou quatre affaires sur l’ensemble de la Russie, très limité», et rappelant que de telles incivilités arrivaient aussi en France.
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