Selon le New York Times, le missile qui a tué 16 personnes sur un marché dans la région de Donetsk début septembre, et dont le tir avait été imputé par Kiev aux forces russes, proviendrait en réalité d’un système anti-aérien ukrainien.
«L’attaque semble avoir été un accident tragique.» Dans une enquête publiée le 18 septembre, le New York Times impute la responsabilité de la frappe sur le marché de Konstantinovka à l’armée ukrainienne. Le drame, qui avait tué 16 personnes et blessés des dizaines d’autres le 6 septembre dans cette ville de la région de Donetsk, avait été imputé par Volodymyr Zelensky à «l’artillerie des terroristes russes».
Un missile Buk venant du nord-est
Une version que réfute, aujourd’hui, le quotidien new-yorkais. «Les preuves recueillies et analysées» par les journalistes, «notamment des fragments de missiles, des images satellites, des témoignages et des publications sur les réseaux sociaux, suggèrent fortement que la frappe catastrophique était le résultat d’un missile de défense aérienne ukrainien errant tiré par un système de lancement Buk», écrivent-ils.
Ceux-ci évoquent également des images de caméra de sécurité, qui «montrent que le missile a atterri sur Konstantinovka depuis le territoire sous contrôle ukrainien, et non depuis l’arrière des lignes russes». «Alors que le bruit du missile qui approche se fait entendre, au moins quatre piétons semblent tourner simultanément la tête vers le son approchant. Ils font face à la caméra, en direction du territoire sous contrôle ukrainien», relatent les auteurs de l’enquête.
«Quelques instants avant sa frappe, le reflet du missile est visible lorsqu’il passe au-dessus de deux voitures garées, le montrant venant du nord-ouest», poursuivent les journalistes. Plusieurs témoins, dont un soldat ukrainien, évoquent auprès du New York Times des tirs de missiles partant des alentours de Konstantinovka au moment de la frappe sur le marché.
Les impacts ne ressemblaient pas à ceux d’un S300 russe
Les journalistes démentent également des déclarations ukrainiennes, faites au lendemain de la frappe, selon lesquelles ce serait un missile S300, russe, qui aurait été employé. «Les façades métalliques des bâtiments les plus proches de l’explosion étaient perforées de centaines de trous carrés ou rectangulaires, probablement faits par des objets cubiques projetés vers l’extérieur par le missile», décrivent les journalistes, photo d’impact et d’éclats à l’appui, estimant que cela ne ressemble pas à l’explosion d’un S300. «Leurs formes et leurs dimensions montrent que les dégâts sur le site du marché ont très probablement été causés par un 9M38», estiment les journalistes. Une conclusion partagée par «deux experts militaires, indépendants, en déminage».
Quant aux marques de brûlures «étendues» sur le site de l’explosion, les journalistes l’expliquent par la courte distance parcourue par le missile ukrainien, «moins de 16 kilomètres», quand celui-ci est prévu pour en parcourir le triple. Les auteurs de l’enquête prennent néanmoins d’extrêmes précautions, soulignant notamment que cet «échec probable» est survenu après que les Russes aient «bombardé Kostantinovka la nuit précédente» et que des tirs de l’artillerie ukrainienne aient été rapportés sur Telegram «quelques minutes seulement» avant la frappe meurtrière.
Cette dernière avait également fait réagir outre-Atlantique. La frappe soulignait «la nécessité de continuer à soutenir le peuple ukrainien dans la défense de son territoire», selon la Maison Blanche le 6 septembre, alors que le chef de la diplomatie américaine se trouvait alors à Kiev. Celui-ci avait, ce même jour, annoncé une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, comprenant notamment des munitions à uranium appauvri pour les chars Abrams devant être livrés aux forces ukrainiennes.
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