De l'Italie à l'Arabie saoudite, en passant par la Chine et les États-Unis, la communauté internationale a condamné les tirs israéliens survenus lors d'une distribution d'aide humanitaire le 29 février. De son côté, Tsahal affirme que des soldats se sont sentis «menacés» et qu'une bousculade a créé des scènes de panique.
Les condamnations se sont multipliées à travers le monde ce 1er mars après des tirs israéliens lors d’une distribution d’aide alimentaire le 29 février à Gaza, qui a tourné au drame et provoqué des scènes de chaos faisant plus de 110 morts et des centaines de blessés, selon le Hamas.
Alors que le bilan humain ne cesse de s’alourdir avec plus de 30 000 morts à Gaza depuis le début du conflit selon le mouvement islamiste, 2,2 des 2,4 millions d’habitants de ce petit territoire assiégé par Israël sont menacés de famine, d’après l’ONU.
Le 29 février, un médecin de l’hôpital al-Chifa et des témoins ont affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers les camions d’aide dans la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave. Le bilan est de 110 morts et 760 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Tsahal affirme que ses soldats se sont sentis «menacés»
Un responsable de l’armée israélienne a confirmé des «tirs limités» de soldats se sentant «menacés» et évoqué «une bousculade durant laquelle des dizaines d’habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d’aide».
Ce drame, a reconnu le président américain Joe Biden, va compliquer les pourparlers en vue d’une trêve dans la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas menée le 7 octobre dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza, où ce mouvement a pris le pouvoir en 2007.
Fidèles alliés d’Israël, les États-Unis ont exigé des «réponses» du gouvernement de Benjamin Netanyahou après la tragédie du 29 février, appelant à une «enquête approfondie». «Le meilleur moyen d’alléger les souffrances du peuple palestinien est de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu temporaire», a affirmé le département d’État, évoquant une situation «incroyablement désespérée» à Gaza.
La Chine exige un cessez-le-feu
L’Italie et l’Espagne ont condamné le drame de Gaza, jugeant «urgent» un cessez-le-feu. La France a dénoncé des tirs contre des civils «pris pour cible par des soldats israéliens» et réclamé une «enquête indépendante». La Chine a appelé à un «cessez-le-feu» et à garantir l’entrée des aides humanitaires dans le territoire, soumises au feu vert d’Israël.
Poids lourd du monde arabe, l’Arabie saoudite a condamné «la prise pour cible de civils sans défense par les forces d’occupation». La Ligue arabe a de son côté condamné «dans les termes les plus forts un acte barbare et brutal qui méprise totalement la vie humaine». Le Qatar, l’un des principaux médiateurs dans la guerre, a appelé à une «action internationale pour mettre fin immédiatement à l’agression [israélienne]».
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence et à huis clos, le chef des Nations unies Antonio Guterres s’étant dit «choqué» par le drame du 29 février et ayant plaidé pour «une enquête indépendante efficace».
Selon un témoin, certains «camions d’aide se sont approchés trop près de chars de l’armée déployés dans la zone et la foule a pris d’assaut les camions. Les soldats ont tiré sur la foule car les gens s’approchaient trop près des chars».
Le drame a eu lieu le jour où le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 30 035 morts à Gaza, pour la plupart des civils, depuis le début du conflit.
Une trêve renvoyée aux calendes grecques ?
Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés du Hamas ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a causé la mort d’au moins 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
Environ 250 personnes ont été en outre enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens incarcérés par Israël lors d’une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas considéré comme terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. Son armée pilonne sans répit la bande de Gaza et a lancé le 27 octobre une offensive terrestre durant laquelle les soldats ont pris de vastes régions et avancé progressivement du nord au sud de cette bande de terre d’environ 40 kilomètres de long et 10 de large.
Selon le gouvernement du Hamas, ce 1er mars, l’armée de l’air israélienne a mené des dizaines de frappes à travers le territoire, notamment à Khan Younès et Rafah, dans le sud. Des combats entre les soldats israéliens et le Hamas se poursuivent à Gaza-ville ainsi qu’à Khan Younès, ont indiqué des témoins.
Après le drame du 29 février, Joe Biden a indiqué qu’il n’y aurait «probablement» pas d’accord de trêve avant le début du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commencera le 10 ou le 11 mars.
Depuis des semaines, le Qatar, les États-Unis et l’Égypte tentent d’arracher un accord prévoyant une trêve de six semaines associée à une libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens et de l’entrée à Gaza de quantités importantes d’aides.
Les civils sont quotidiennement pris dans les combats et les bombardements israéliens qui ont détruit des quartiers entiers et forcé 1,7 million de personnes à fuir leurs foyers. Selon l’ONU, environ 1,5 million de déplacés ont gagné Rafah, adossée à la frontière fermée avec l’Égypte, où la population massée sans échappatoire craint une offensive terrestre d’Israël.
Les Brigades al-Qassam et le Hezbollah ciblent conjointement le nord d’Israël