L'armée israélienne a intensifié son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza malgré les appels à une désescalade, et ordonné aux civils palestiniens de partir dans le sud du territoire où l'aide sera, selon elle, accrue le 29 octobre. Le Comité international de la Croix rouge a dénoncé un «échec (humanitaire) catastrophique».
Le 29 octobre, Tsahal a revendiqué avoir frappé la veille avec ses avions de combat «450 cibles» du Hamas, dont des centres de commandement, et fait état de la poursuite des opérations terrestres dans le territoire gazaoui.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit s’attendre à une guerre «longue et difficile» à Gaza, tandis que le Comité international de la Croix rouge a dénoncé un «échec (humanitaire) catastrophique».
Dans la nuit, un soldat a été grièvement blessé par des obus de mortier dans le nord de la bande de Gaza, et un autre légèrement touché lors de combats avec des membres du Hamas, selon la même source. Le commandement israélien a mis en garde les habitants des villes d’Ashdod et d’Ashkélon, limitrophes de Gaza, contre des tirs de missiles et de roquettes. Trois personnes avaient été blessées le 28 octobre après des tirs depuis Gaza.
Depuis le 27 octobre soir, l’armée israélienne opère au sol avec des soldats et des blindés, Benjamin Netanyahou évoquant le 28 octobre au soir «une deuxième étape de la guerre». Elle continue dans le même temps d’intensifier ses bombardements dans le territoire de 362 km2, en représailles à l’attaque sanglante sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre en Israël.
Depuis cette date, 1.400 personnes sont mortes côté israélien, essentiellement des civils dans l’attaque du 7 octobre qui a vu également le Hamas prendre en otage 230 personnes, selon les autorités israéliennes.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, affirme de son côté que plus de 8.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements israéliens incessants depuis le début du conflit.
«Souffrance intolérable»
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré le 28 octobre l’«escalade sans précédent des bombardements» qui «compromettent les objectifs humanitaires», appelant une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat. La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric s’est dite «choquée par le niveau intolérable de souffrance humaine», dénonçant «un échec catastrophique que le monde ne doit pas tolérer».
Netanyahou a estimé le 28 octobre que la guerre serait «longue et difficile», ajoutant que son armée «détruira(it) l’ennemi sur terre et sous terre», une référence au réseau de centaines de kilomètres de tunnels souterrains d’où le Hamas dirige ses opérations, selon Israël.
L’objectif de cette «deuxième étape de la guerre» est «clair: détruire les capacités militaires et la direction du Hamas; ramener les otages à la maison», a affirmé Netanyahu après avoir rencontré les familles des captifs du Hamas.
«Les familles veulent des réponses»
Leurs proches sont de plus en plus mécontents de l’«incertitude absolue» à laquelle ils sont confrontés, en particulier lors des bombardements intensifs, a déclaré Haim Rubinstein, leur porte-parole. «Les familles ne dorment pas, elles veulent des réponses». Quatre femmes ont été libérées à ce jour. Le Hamas estime à «près de 50» le nombre d’entre eux tués dans les bombardements.
Le chef du mouvement islamiste à Gaza, Yahya Sinouar, qui s’est exprimé le 28 octobre au soir pour la première fois depuis le 7 octobre, a déclaré être prêt «à conclure immédiatement un échange pour faire libérer tous les prisonniers dans les prisons de l’ennemi sioniste contre tous les otages».
L’armée israélienne a appelé les civils du nord de Gaza «à se déplacer temporairement au sud du cours d’eau de Wadi Gaza, vers une zone plus sûre où ils pourront recevoir de l’eau, de la nourriture et des médicaments». «Demain (29 octobre), les efforts humanitaires à Gaza, menés par l’Egypte et les Etats-Unis, seront accrus», a-t-elle ajouté.
Le 28 octobre, elle avait renouvelé son appel aux habitants de la ville de Gaza (nord) à «partir immédiatement» vers le sud, affirmant qu’elle considérait désormais cette ville et sa région comme un «champ de bataille».
Israël veut «anéantir» le Hamas, qu’il qualifie d’organisation «terroriste» comme les Etats-Unis et l’UE notamment, en représailles à l’attaque du 7 octobre. Le 28 octobre, Benjamin Netanyahu a reconnu qu’elle constituait un «terrible échec» pour l’Etat hébreu, et promis une «enquête approfondie» pour déterminer les responsabilités.
Quelques communications rétablies
L’intensification des bombardements sur Gaza a coïncidé avec une coupure des communications et d’internet, compliquant encore la tâche des humanitaires. Le réseau était en cours de rétablissement le 29 au matin, selon l’organisme de surveillance du réseau Netblocks. Un collaborateur de l’AFP dans la ville de Gaza a confirmé pouvoir accéder à internet et au réseau mobile, et avoir pu joindre des interlocuteurs dans le sud du territoire.
Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un «siège total» à Gaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire où s’entassent 2,4 millions d’habitants était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis 2007. Seuls 84 camions d’aide humanitaire ont pu arriver dans Gaza via l’Egypte depuis le 21 octobre.
Les médicaments manquent aussi et certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir complètement les patients, en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté le 28 octobre MSF.
La Turquie a dénoncé des «massacres» à Gaza, entraînant le rappel par Israël de ses diplomates dans ce pays, et l’Arabie saoudite a dénoncé une violation «injustifiée» du droit international.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le 29 octobre en soutien aux Palestiniens à Londres, et des milliers à Paris, à Zurich ou encore aux Etats-Unis.
La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée depuis 1967, où trois Palestiniens ont été tués le 29 au matin par des tirs de l’armée israélienne, selon le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne. Depuis le 7 octobre, plus de 110 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens.
Proche-Orient : «Il est essentiel de ne se couper de personne», estime Villepin