L'entreprise gazière russe a fait savoir qu'elle procèderait à une nouvelle baisse des livraisons de gaz à l'Europe par Nord Stream à partir du 27 juillet, mettant en avant des opérations de maintenance. Une nouvelle mal accueillie en Allemagne.
Dans un communiqué rendu public le 25 juillet, le géant gazier russe, Gazprom, a fait savoir qu’il procèderait à partir du 27 juillet à une nouvelle baisse des livraisons de gaz russe à destination de l’Europe par le gazoduc Nord Stream en raison de problèmes de maintenance sur une turbine.
«En raison de la fin de la période d’exploitation avant les travaux de révision […] Gazprom suspend l’exploitation d’un autre moteur de turbine à gaz Siemens, à la station de compression “Portvaïa”. La productivité quotidienne de la station “Portovaïa” à partir de 07h (heure de Moscou) [6h à Paris] le 27 juillet s’élèvera à 33 millions de mètres cubes par jour», explique l’entreprise dans un communiqué mis en ligne sur sa chaîne Telegram.
Elle ajoute que cette suspension est conforme «à la prescription de Rostekhnadzor [le régulateur gouvernemental russe concernant les questions écologiques, technologiques et nucléaires] et en tenant compte de l’état technique du moteur».
Ces 33 millions de mètres cubes par jour correspondent à environ 20% des capacités de Nord Stream alors que le gazoduc fonctionne actuellement à environ 40% de sa capacité maximale.
Gazprom met en cause les sanctions contre la Russie
Plus tôt dans la journée, Gazprom avait déjà assuré avoir des problèmes pour rapatrier, principalement en raison des sanctions décidées contre la Russie après le lancement de son opération militaire en Ukraine, une turbine qui avait été envoyée au Canada pour des réparations.
Si l’Allemagne et le Canada avaient semblé s’entendre pour rendre cette équipement à Gazprom, force est de constater qu’il n’a toujours pas été livré. Le groupe a fait valoir à ce sujet dans la journée du 25 juillet : «Gazprom a reçu par Siemens des documents des autorités canadiennes. Gazprom a étudié ces documents, mais est contraint de déclarer que [ces document] n’éliminent pas les risques précédemment identifiés et soulèvent des questions supplémentaires.»
«En outre, Gazprom a encore des questions qui n’ont pas de reçu de réponse, concernant les sanctions de l’UE et du Royaume-Uni, la résolution de ces questions étant importante pour la livraison du moteur en Russie et la révision urgente d’autres moteurs à turbine à gaz pour la station de compression “Portovaïa”. Dans ces circonstances, Gazprom a de nouveau demandé à Siemens une assistance immédiate en lui fournissant les documents et les éclaircissements nécessaires pour résoudre les problèmes restants», a ajouté l’entreprise.
Le président russe, Vladimir Poutine, avait déjà prévenu que si cette turbine n’était pas rapidement acheminée vers la Russie, le gazoduc ne pourrait fonctionner qu’à 20% de ses capacités à partir de la semaine du 25 juillet en raison de la nécessité de procéder à la maintenance d’une seconde turbine. C’est précisément le scénario vers lequel nous nous dirigeons.
L’Allemagne et Siemens rejettent la faute sur Moscou
Mais du côté allemand, les arguments de Gazprom et de l’exécutif russe ne semblent pas convaincre. «Selon nos informations, il n’y a aucune raison technique de réduire les livraisons», a déclaré dans la journée une porte-parole du ministère allemand de l’Economie citée par l’AFP. Le gouvernement allemand va jusqu’à accuser Moscou d’utiliser ces travaux de maintenance comme un «prétexte» pour avoir la main dans les négociations avec les Occidentaux concernant l’Ukraine.
De son côté, le groupe allemand Siemens Energy, qui est chargé de l’entretien de la turbine, a expliqué dans un communiqué cité par l’AFP ne voir «aucun lien entre la turbine et les réductions de gaz qui ont été mises en œuvre ou annoncées».
Dans la soirée du 25 juillet, Siemens a également contesté les arguments avancés par Gazprom concernant le rapatriement de la turbine manquante. «Le transport de la turbine pourrait commencer immédiatement. Les autorités allemandes ont fourni à Siemens Energy tous les documents nécessaires pour l’exportation de la turbine vers la Russie au début de la semaine dernière. Gazprom le sait […] Ce qui manque, en revanche, ce sont les documents douaniers pour l’importation en Russie. Gazprom, en tant que client, est tenu de les fournir», note le groupe, toujours cité par l’agence de presse française.
Problème en vue pour l’Europe ?
Si certains pays occidentaux continuent d’accuser Moscou de se servir de l’énergie comme d’un levier en représailles aux nombreuses sanctions décidées contre la Russie, et que le Kremlin assure que ce sont les sanctions qui sont à l’origine des problèmes techniques sur l’infrastructure gazière pour mettre en lumière que, finalement, l’Europe ne fait que payer ses propres mesures, le sujet du gaz reste un véritable enjeux pour le Vieux continent.
La Commission européenne a proposé aux Etats membres de réduire, sur la période d’août 2022 à mars 2023, leur consommation de gaz de 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Un projet jugé irréalisable par de nombreux pays de l’Union.
L’Espagne, la Grèce, le Portugal et même la France se sont pour le moment opposés à cette mesure. La ministre polonaise du Climat, Anna Moskwa, a déclaré à l’agence PAP le 25 juillet : «Difficile de discuter des mécanismes obligatoires préparés par la Commission européenne en quelques jours, on peut dire à la va-vite, qui obligent les pays à des réductions obligatoires. Nous ne pouvons pas y donner notre accord.»
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