Les deux plateformes ont suspendu les comptes d'une députée de la Douma et du directeur de l'agence spatiale Roscosmos, supprimant au passage les vidéos déjà publiées. Un exemple de la «liberté d'expression à l'américaine», dénonce Roscosmos.
De nouveaux blocages de comptes à l’initiative de Google et de YouTube : l’agence RIA Novosti rapporte que le compte privé de la député de la Douma Nina Ostanina (Parti communiste) a été bloqué, tandis que la chaîne YouTube associée a été supprimée, selon le service de presse de l’élue. Dans le même temps, YouTube a supprimé les vidéos dans lesquelles intervient le chef de l’agence spatiale Roscosmos, Dmitri Rogozine.
Ces mesures ont été prises en application directe des sanctions adoptées à l’encontre d’une série de personnalités russes : dans le cas de Nina Ostanina, la notification de Google précise que «le compte Google a été bloqué conformément à nos règles relatives […] à l’application des sanctions et ne peut pas être restauré». Pour ce qui concerne le directeur de Roscomos, un communiqué de l’agence publique précise que «YouTube a supprimé de la chaîne Roscosmos Media toutes les vidéos avec la participation du directeur général […] dont ses interviews, des vidéos où il participe à l’envoi de l’aide humanitaire aux habitants du Donbass ou se rend au cosmodrome Vostotchny». L’agence spatiale souligne qu’environ une vingtaine de vidéos, cumulant quelque 5 millions de vues au total, ont été supprimées.
C’est tout ce qu’on doit savoir de la liberté d’expression à l’américaine
A la date du 8 mai, la chaîne Roscosmos Media hébergeait toujours quelques vidéos de [Dimitri] Rogozine, notamment son interview en date du 7 mai. «C’est tout ce qu’on doit savoir de la liberté d’expression à l’américaine», conclut Roscosmos. Du côté des parlementaires russes, le sénateur Alexeï Pouchkov a estimé sur la messagerie Telegram que les amendes infligées à Google ne constituaient «pas une contre-mesure efficace».
Début avril, Google avait déjà annoncé la fermeture de la chaîne YouTube de la Douma, une décision dénoncée par le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, comme violant «les droits» des Russes. Le régulateur russe des télécoms, Roskomnadzor, avait appelé Google à rétablir «immédiatement» la chaîne, tout en lui demandant «d’expliquer la raison des restrictions imposées». D’autres plateformes, dont Facebook, YouTube, TikTok ou encore Twitter ont été condamnées à de multiples amendes, notamment pour avoir refusé de supprimer des contenus jugés illégaux par la législation du pays. La Russie dénonce régulièrement l’ingérence à laquelle se livreraient les géants du numérique : le président russe Vladimir Poutine avait jugé, début 2021, que ces entreprises étaient «en concurrence de facto avec les Etats», évoquant leurs «tentatives de contrôler brutalement la société».
En réponse aux sanctions occidentales, plusieurs dizaines de personnalités ont été interdites d’entrée sur le territoire de la Fédération de Russie, dont le cofondateur de Facebook Mark Zuckerberg.
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