Le 29 mai, le ministère russe de la Justice a inclus Greenpeace dans la liste des organisations non gouvernementales internationales dont l'activité est jugée «indésirable», mettant un terme à 30 ans de présence dans le pays.
Le ministère russe de la Justice a classé l’organisation non gouvernementale Greenpeace comme «indésirable», entraînant de facto son interdiction.
Cette annonce suivait la réquisition du parquet général le 19 mai dernier. Dans un communiqué, celui-ci a déclaré que «dans les faits, l’activité de Greenpeaces’accompagne de la promotion active d’opinions politiques, de tentatives d’ingérence dans les affaires de l’Etat et d’atteinte à ses fondements économiques». Il cite ensuite «des campagnes d’information et des manifestations non concertées avec les autorités visant à compromettre des programmes nationaux, à encourager le mécontentement de la population et à entraver la réalisation de projets énergétiques et d’infrastructures bénéfiques au pays».
Toujours selon le communiqué du parquet général, les activistes de cette organisation visaient à transformer la législation russe et, depuis l’opération spéciale en Ukraine, appelaient à durcir les sanctions contre la Russie et renforcer son isolement économique. Il conclut en accusant l’ONG de vouloir «déstabiliser le climat socio-économique et favoriser un changement de régime par des voies non constitutionnelles».
Le siège de Greenpeace se défend
Le jour de l’annonce de son interdiction, la direction de l’organisation internationale à Amsterdam, présente en Russie depuis 1992, a défendu son bilan, se félicitant notamment de ses résultats dans la lutte contre les feux de forêt, la pollution du lac Baïkal et soulignant ses avancées dans le recyclage des déchets ou l’inscription de certains sites russes au patrimoine mondial de l’Unesco. Le siège a qualifié cette décision d’«absurde et irresponsable».
Les membres de la branche russe espèrent néanmoins que les centaines de bénévoles formés utiliseront leurs compétences pour continuer à défendre la cause de la protection de l’environnement. Ainsi, Mikhaïl Kreïndline, employé de l’ONG en Russie depuis 2001 et spécialiste de la législation russe sur la protection de la nature, formule-t-il un vœu : «Peut-être que certains employés iront dans des organisations qui existent encore en Russie, ou que nous créerons (…) une nouvelle ONG purement russe pour travailler.»
Pour rappel, Greenpeace ne pouvait être classée comme agent de l’étranger, cette catégorie étant réservée aux organisations russes. Commentant la décision du parquet général dans une interview à Vedomosti, le directeur de la Société écologique russe (SER) Rachid Ismaïlov a critiqué l’ONG : «Tout en échappant au viseur de la loi sur les agents étrangers, elle utilise d’autres formes d’action dans notre pays. Elle reçoit de l’argent et des instructions de l’étranger et répand de fausses rumeurs sur la politique écologique russe, n’hésitant pas à discréditer les initiatives publiques et à manipuler l’opinion. C’est de la politique pure, et cela fait longtemps que nous la dénonçons comme agent de l’étranger.»
Pollution au Kamtchatka : l’Académie russe des sciences confirme la responsabilité d’algues toxiques