Après la percée historique de son parti aux législatives avec près de 90 députés à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen a confirmé que les postes clés qui reviennent d'ordinaire au premier groupe d'opposition seront réclamés.
«La présidence de la commission des finances bien sûr et une vice-présidence [de l’Assemblée nationale], bien sûr» : Marine Le Pen n’a aucune intention de céder les places qui reviennent d’ordinaire au premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale après la percée surprise de son parti aux législatives, le 19 juin. Avec 89 députés, le futur groupe Rassemblement national devance celui de La France insoumise (72 députés), et tous les autres groupes d’opposition.
«Nous demanderons tout ce à quoi nous avons droit», a-t-elle déclaré depuis Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) au lendemain du scrutin, revendiquant la place de «premier groupe d’opposition à l’Assemblée». Et pour celle qui a dores et déjà prévu d’être à la tête de ce groupe, le parti ne transigera sur «aucun des moyens qui lui [sont] accordé[s] par la tradition ou par les règles républicaines pour défendre les Français».
«Nous demanderons tout ce à quoi nous avons droit, tout ce qui aurait été accordé au premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, y compris la présidence de la commission des finances» affirme Marine Le Pen pic.twitter.com/d9uHIsLKvY
— CNEWS (@CNEWS) June 20, 2022
«Est-ce que Emmanuel Macron va pouvoir faire ce qu’il veut ? La réponse est non», a assuré de son côté Marine Le Pen qui s’était réjouie la veille que l’Assemblée devienne «un peu plus nationale». Au vu du rapport de forces, Marine Le Pen a estimé que désormais la retraite à 65 ans était «enterrée».
Une présidence de commission garantie par la Constitution ?
Interrogé sur cette question sur Franceinfo, l’ancien ministre chargé des relations avec le Parlement et désormais ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a déclaré que la commission des Finances de l’Assemblée «revient au groupe le plus important de l’opposition» conformément à la Constitution.
«Quand bien même ça ne me plaise pas, que ce soit le Rassemblement national, ça s’impose à nous […] Non, cela ne me fait pas plaisir, mais la question ce n’est pas le plaisir, la question c’est la Constitution», a-t-il affirmé, notant au passage que la situation pouvait changer à la constitution des groupes parlementaires.
«Ne peut être élu à la présidence de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition», peut-on lire dans le règlement de l’Assemblée nationale. La Constitution quant à elle précise que le «règlement de chaque assemblée détermine les droits des groupes parlementaires constitués en son sein».
Stratégique, le poste de président de la commission des Finances revient traditionnellement depuis 2007 au groupe d’opposition le plus important. Il était occupé sous la précédente législature par le député LR Eric Woerth, passé en février dernier dans les rangs de la majorité macroniste. Cette commission a notamment un rôle de contrôle du budget de l’Etat, mais aussi des examens de la loi de finances. Le vote aura lieu le 30 juin.
Avec un nombre d’élus historiquement haut, le RN sort très renforcé des législatives