Alors qu'Israël a refusé un largage d'aide humanitaire turque dans la bande de Gaza, Ankara a annoncé la restriction de ses exportations vers l'État hébreu. Cette décision restera en vigueur jusqu'à un cessez-le-feu, selon Ankara. Malgré le conflit et les brouilles diplomatiques, les deux pays continuaient de commercer ensemble.
Malgré les nombreuses pressions internationales, les résolutions onusiennes et la décision de la Cour internationale de justice, «Israël continue de violer de manière flagrante le droit international», a dénoncé la Turquie dans un communiqué publié par son ministère du Commerce ce 9 avril.
De ce fait, Ankara «a décidé de restreindre l’exportation de produits vers Israël», comprenant une liste de 54 marchandises, notamment des colorants, des tuyaux et raccords en acier, du ciment, des câbles électriques, du carrelage, des engrais chimiques ou encore du marbre, du soufre, des grues ou de la céramique.
Cette restriction «restera en vigueur jusqu’à ce qu’Israël, dans le cadre de ses obligations découlant du droit international, déclare un cessez-le-feu immédiat à Gaza et autorise un flux suffisant et ininterrompu d’aide humanitaire vers la bande de Gaza», précise le ministère turc du Commerce.
La Turquie revient dans son communiqué sur le conflit à Gaza, qualifiant les actions de l’armée israélienne de «massacre», précisant que le peuple palestinien de la bande de Gaza «tente de survivre» et «lutte contre la faim».
Le document officiel fait valoir que «la Turquie mène des efforts politiques et diplomatiques» pour «mettre fin aux conflits, prévenir les pertes humaines et les destructions physiques, et rechercher d’abord un cessez-le-feu permanent», ajoutant que les autorités turques ont déjà «livré des dizaines de milliers de tonnes d’aide par bateau et par avion».
Ankara ajoute que la Turquie «n’a pas autorisé la vente à Israël de produits ou de services pouvant être utilisés à des fins militaires depuis longtemps».
Israël rejette l’aide humanitaire turque à Gaza
Cette décision d’Ankara intervient un jour après le rejet par Israël du largage d’aide humanitaire turque dans la bande de Gaza. «Il n’y a aucune excuse pour qu’Israël bloque notre tentative de parachuter de l’aide aux Gazaouis affamés», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, promettant de prendre «une série de nouvelles mesures» contre l’État hébreu.
Malgré le conflit à Gaza, les brouilles verbales entre Erdogan et Netanyahou, les arrestations d’espions du Mossad par les renseignements turcs ou le renvoi de l’ambassadeur israélien en novembre dernier, le commerce entre les deux pays continuait. Un article du site Minute Turque paru le 4 janvier dernier rapportait même que le commerce bilatéral entre les deux pays avait augmenté de 34,8% en décembre par rapport au mois de novembre.
Dans un article paru mi-décembre, France Info soulignait que, depuis le début du conflit à Gaza, «plus de 300 cargos» avaient quitté les ports turcs pour livrer diverses matières premières à Israël, ainsi que du pétrole azerbaïdjanais. Idem concernant les relations diplomatiques. Bien qu’il ait rappelé l’ambassadeur turc à Tel-Aviv début novembre, le président Erdogan a précisé qu’il ne rompait pas les liens diplomatiques bilatéraux.
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