A l'initiative des transporteurs routiers, des manifestations violentes ont eu lieu contre l'augmentation des prix du carburant, conduisant le gouvernement de gauche de Pedro Castillo à décréter un couvre-feu dans plusieurs villes, dont la capitale.
Un couvre-feu a été instauré le 4 avril à Lima, la capitale du Pérou, ainsi que dans la ville portuaire voisine de Callao, après des manifestations violentes des transporteurs contre la hausse des prix du carburant, a annoncé le président de gauche Pedro Castillo.
Le couvre-feu, qui concerne environ 10 millions d’habitants, est entré en vigueur à l’aube et sera maintenu jusqu’au 12 avril à minuit face aux «faits de violence que certains groupes ont voulu susciter» et «afin de rétablir la paix et l’ordre», a déclaré Pedro Castillo, lors d’une allocution télévisée diffusée dans la soirée du 4 avril.
Des affrontements entre les manifestants et la police ont éclaté le même jour dans plusieurs régions du Pérou durant un mouvement de grève lancé par les transporteurs, le premier conflit social qu’affronte le chef de l’Etat − ancien instituteur d’origine paysanne − depuis son élection en juillet 2021 à la tête du pays.
Les manifestations, qui ont provoqué des blocages routiers et une suspension des classes dans plusieurs régions, ont été déclenchées par la hausse du coût du carburant et des péages, parallèlement à une augmentation des prix alimentaires. Elles ont aussi donné lieu à des scènes de pillage dans des magasins dans le sud et l’est du pays, selon des images retransmises par les télévisions locales. A Ica, à 300 km de Lima, plusieurs postes de péages ont été incendiés sur la Panamericana, l’un des principaux axes routiers du pays.
ATTENTION: Chaos, violence, looting throughout #Peru in #protests against the leftist government of #PedroCastillo#Peru#PedroCastilloAsesino#Violence#EconomicCrisispic.twitter.com/5nqMgdCMN2
— Chaudhary Parvez (@ChaudharyParvez) April 5, 2022
Transport workers block several major highways in Peru during protests against rising fuel prices and inflation pic.twitter.com/UcVBgqXt7I
— TRT World Now (@TRTWorldNow) April 5, 2022
Le syndicat des transports a appelé à la poursuite du mouvement de grève jusqu’au 12 avril. «Je lance un appel au calme, à la sérénité. La protestation sociale est un droit constitutionnel mais il doit s’exercer dans le respect de la loi», a souligné le président péruvien dont le gouvernement avait supprimé la semaine dernière un impôt sur les carburants dans un souci d’apaisement. Le gouvernement a également décrété une augmentation de 10% du salaire minimum, qui atteindra l’équivalent de 277 dollars, à partir du 1er mai. Vladimir Cerron, secrétaire général du parti Pérou Libre − soutien du président − a quant à lui condamné les pillages, y voyant l’action de «délinquants» et non de transporteurs ou d’agriculteurs.
¿Ustedes creen que estos delincuentes, que trasladaron de Lima a Huancayo, son agricultores o transportistas? pic.twitter.com/luJ6rbG6g3
— Vladimir Cerrón (@VLADIMIR_CERRON) April 4, 2022
Déjà secoué par des crises ministérielles à répétition avant l’élection de Pedro Castillo, le Pérou reste politiquement instable. Le président péruvien a lui-même échappé, fin mars 2022, à une procédure de destitution engagée par l’opposition.
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