La Russie, «très préoccupée» par la situation humanitaire et les violations du cessez-le-feu au Haut-Karabagh, a rappelé que le blocus du corridor de Latchine, vital pour les Arméniens demeurant sur le plateau, contredisait l’accord signé par Bakou.
Moscou a fait part de son inquiétude concernant la situation dans le Caucase du Sud. «Nous sommes très préoccupés au vu des violations du cessez-le-feu dans le Haut-Karabagh et en raison du blocus en cours du corridor de Latchine», a déclaré ce 6 juillet la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
«Selon les informations, la situation humanitaire dans la région s’aggrave et il est regrettable de noter qu’en raison de l’arrêt de l’approvisionnement, la population de la région peut se retrouver sans réserve de nourriture, de biens essentiels et de médicaments», a poursuivi la diplomate. Depuis décembre, Erevan accuse Bakou d’entraver l’approvisionnement vers la région sécessionniste du Karabagh, en bloquant cette route cruciale qu’est le corridor de Latchine, provoquant des pénuries.
Une situation qui «contredit les accords tripartites signés par les dirigeants de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, y compris les termes de la déclaration du 9 novembre 2020», a estimé Maria Zakharova. Celle-ci avait préalablement salué des «avancées» dans les négociations pour parvenir à un accord de paix entre Bakou et Erevan. «La partie russe poursuivra ses efforts pour rapprocher les points de vue des deux pays», a assuré la porte-parole, annonçant un déplacement prochain dans la région du représentant spécial du ministre russe des Affaires étrangères.
Erevan craint un «risque élevé de déstabilisation»
Le 5 juillet, le Kremlin a fait part d’un échange téléphonique entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian. D’après un communiqué des services de ce dernier, les deux hommes ont discuté de la situation humanitaire au Haut-Karabagh.
Quelques jours plus tôt, le 28 juin, les séparatistes du Haut-Karabagh annonçaient que quatre soldats arméniens avaient été tués par des tirs azerbaïdjanais. La veille, le ministère azerbaïdjanais de la Défense rapportait qu’un de ses soldats avait été blessé, accusant les séparatistes arméniens d’être à l’origine des tirs. Suite à ce soubresaut de violence, Nikol Pachinian avait mis en garde contre un «risque élevé de déstabilisation» dans la région.
Le plateau du Haut-Karabagh et ses environs ont été le théâtre de deux guerres entre l’Azerbaïdjan et les forces séparatistes arméniennes, soutenues militairement par Erevan, la première à la dislocation de l’URSS, la seconde à l’automne 2020. Lors du premier conflit, qui a fait 30 000 morts, les séparatistes ont pris le contrôle du Haut-Karabagh et de zones tampons autour de ce territoire montagneux.
Lors du deuxième conflit, qui a fait 6 500 morts, l’Azerbaïdjan a repris ces zones tampons et une grande partie du Haut-Karabagh. Un cessez-le-feu, signé sous l’égide de Moscou, a été suivi du déploiement d’un contingent de soldats de la paix russes, mais les tensions restent vives et les négociations pour la signature d’un traité de paix n’avancent pas.