L'annonce de la mort d'Henry Kissinger, grande figure de la diplomatie américaine à l'époque de la Guerre froide, disparu le 29 novembre à l'âge de 100 ans, a suscité une pluie d'hommages à travers le monde. Vladimir Poutine a salué l'architecte d'importants accords entre Washington et Moscou.
Henry Kissinger, qui a été secrétaire d’Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford, «est mort dans sa maison du Connecticut», a indiqué son cabinet de conseil Kissinger Associates dans un communiqué ce 30 novembre, sans préciser la cause du décès.
La famille du diplomate organisera des funérailles privées, précise le communiqué, évoquant une cérémonie d’hommage publique ultérieure à New York.
Henry Kissinger est à l’origine du rapprochement de Washington avec Moscou et Pékin dans les années 1970.
Ses détracteurs rappellent aujourd’hui toutefois son soutien au coup d’Etat de 1973 au Chili ou l’invasion du Timor oriental en 1975 et, bien sûr, la guerre du Vietnam. Il a toutefois contribué, toujours dans le plus grand secret et parallèlement aux bombardements de Hanoï, aux négociations pour mettre fin à la guerre du Vietnam. La signature d’un cessez-le-feu lui a valu le prix Nobel de la paix avec le dirigeant nord-vietnamien en 1973.
Kissinger a renforcé la sécurité mondiale, selon Poutine
Pour le président russe Vladimir Poutine, «le nom d’Henry Kissinger est étroitement lié à une politique pragmatique qui a permis d’aboutir à une détente des tensions internationales et à des accords très importants américano-soviétiques ayant contribué au renforcement de la sécurité mondiale».
De son côté, l’Ukraine a salué «l’héritage intellectuel» de Kissinger qui continuera de peser sur la diplomatie mondiale.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé pour sa part que le monde perdait «un grand diplomate», saluant l’engagement significatif de Kissinger en faveur de l’amitié entre l’Allemagne et les Etats-Unis. Le président français Emmanuel Macron a décrit Kissinger comme «un géant de l’histoire», qui a eu «une influence durable sur son époque».
En juillet, Henry Kissinger s’était rendu à Pékin pour s’entretenir avec le président chinois Xi Jinping, qui avait salué à cette occasion un «diplomate de légende».
Le ministère chinois des Affaires étrangères a salué les «contributions historiques» de Kissinger aux relations sino-américaines, soulignant qu’il s’était rendu «en Chine plus d’une centaine de fois» pour «promouvoir la normalisation» des liens.
Dégel des relations
La Chine occupe une place à part dans la carrière de l’ancien secrétaire d’Etat. Il a joué un rôle clé dans le dégel des relations américaines avec la Chine de Mao en effectuant des voyages secrets pour organiser la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972.
Cette main tendue à la Chine a mis fin à l’isolement du géant asiatique et contribué à la montée en puissance de Pékin, d’abord économique, sur la scène mondiale.
Henry Kissinger est également reconnu aux Etats-Unis pour son rôle de médiateur entre Israël et les pays arabes. En 1973, après l’attaque surprise de ces pays lors de la fête juive de Yom Kippour en Israël, il organisa notamment un pont aérien massif pour ravitailler l’allié israélien en armes.
Prix Nobel
Juif allemand né en 1923 en Bavière, Heinz Alfred Kissinger a fui l’Allemagne nazie et a été naturalisé américain à l’âge de 20 ans. Fils d’instituteur, il a ensuite intégré le contre-espionnage militaire et l’armée américaine avant de poursuivre de brillantes études à Harvard, où il a également enseigné.
Reconnaissable à sa grosse monture de lunettes, il s’est imposé comme le visage de la diplomatie mondiale lorsque le républicain Richard Nixon l’a appelé à la Maison Blanche en 1969 comme conseiller à la sécurité nationale, puis comme secrétaire d’Etat, cumulant les deux postes de 1973 à 1975.
Il survivra au départ de Nixon – qui démissionna en 1974 en raison du scandale du Watergate – et resta maître de la diplomatie sous son successeur Gerald Ford jusqu’en 1977.
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