Rosatom a annoncé le début des travaux de construction à la centrale nucléaire hongroise de Paks. Deux tranches, de 1 200 mégawatts, doivent sortir de terre d’ici 2030 dans cette centrale qui fournit près de la moitié de l’électricité du pays.
Malgré les tentatives de la Commission européenne et le contexte de sanctions contre la Russie, Rosatom a annoncé le 21 août dans un communiqué le lancement de la phase de construction des deux futures tranches de la centrale nucléaire hongroise de Paks.
Ces travaux s’inscrivent dans le remplacement des quatre réacteurs actuels, de type VVER (réacteurs à eau pressurisée de conception soviétique), par deux réacteurs de nouvelle génération : des VVER-1200, d’une puissance de 1 200 mégawatts (MW). Leur mise en service est prévue à l’horizon 2029 et 2030.
Hongrie : Rosatom lance la phase principale de la construction de la centrale nucléaire de Paks-2
Cette annonce de l’énergéticien survient trois jours après la visite à Budapest, le 18 août, d’une de ses délégations. Les représentants de l’entreprise d’Etat russe et son client, Paks II Nuclear Power Plant Ltd. – propriété de l’Etat hongrois –, ont «signé des avenants au contrat de construction» des deux nouvelles tranches de la centrale nucléaire, précise le communiqué.
«La première phase du projet Paks, la phase de préparation, est ainsi terminée et les investissements peuvent passer à la deuxième étape, la construction proprement dite», avait déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Peter Szijjarto, lors d’une conférence de presse conjointe avec le directeur du projet.
Un parcours semé d’embûches
Située à 100 kilomètres au sud de Budapest, la centrale nucléaire de Paks est la seule de Hongrie. Ses quatre réacteurs, d’une puissance unitaire nette de 479 MW, construits dans les années 1980, ont produit en 2022 plus de 46% de l’électricité du pays.
La naissance du projet Paks II remonte à l’accord nucléaire russo-hongrois du 15 janvier 2014, dont le contenu n’a pas été rendu public. On sait néanmoins qu’il prévoyait que l’exécution serait confiée à Rosatom. Quant au financement, il devait être assuré à hauteur de 80% par un prêt de 10 milliards d’euros accordé par des banques russes, à rembourser d’ici 2046.
Néanmoins, les obstacles se sont succédé depuis, la Commission européenne ayant diligenté pas moins de trois enquêtes sur d’éventuelles irrégularités. Les trois domaines d’investigation étaient la fourniture exclusive de combustible par Rosatom, la violation des règles d’appels d’offre publics et l’attribution illégale d’aides de l’Etat, mais toutes les enquêtes ont donné raison à Budapest.
De nouveaux obstacles sont apparus suite au début de la guerre en Ukraine et la mise en place de sanctions qui ont nécessité, pour les contourner, de procéder en avril dernier à des avenants de l’accord de 2014. Le nouvel accord a finalement été validé par la Commission au mois de mai.
Rosatom, acteur incontournable de l’énergie européenne
Au mois de juin, en pleine préparation du onzième paquet de sanctions de l’Union européenne, le directeur de Rosatom Alexeï Likhatchov avait rencontré à Budapest le Premier ministre hongrois Viktor Orban pour réaffirmer leur volonté de coopération. Malgré les pressions de l’Allemagne, le couple russo-hongrois obtint finalement gain de cause, le nucléaire étant exclu du spectre des sanctions approuvées par Bruxelles le 23 juin.
La construction de la centrale de Paks II s’inscrit dans une dynamique d’expansion du marché du nucléaire russe, alors que cinq Etats membres de l’UE possèdent une centrale de fabrication russe.
La prééminence du nucléaire russe a d’ailleurs été reconnue par le think tank américain Energy Innovation Reform Project (EIRP) dans une analyse datant d’avril dernier et sobrement intitulée «Rosatom : une cible difficile». Il y était affirmé que la Russie était le «leader mondial sur le marché de l’exportation de produits nucléaires, Rosatom contrôlant près de la moitié du processus d’enrichissement d’uranium et 70% de l’exportation de réacteurs nucléaires».
Le rapport concluait sur le constat que «réduire le poids global de Rosatom ne serait un défi ni rapide, ni facile, ni bon marché».
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